L’objectif des GAFAM, c’est d’absorber le marché, de devenir eux-mêmes le marché. Aujourd’hui, si on le souhaite, l’ensemble de notre consommation peut passer uniquement par ces intermédiaires. Les GAFAM veulent devenir le lieu où se déroulent toutes les transactions, et l’intelligence artificielle peut les y aider. L’idéal-type du futur, ce serait un dispositif automatisé qui absorberait tous les dispositifs marchands de transaction. La question qui va nous être posée sera celle de la boîte noire : comment fonctionnent ces dispositifs, qui les contrôle, et où se situe la démocratie dans tout ça ?

Si le capitalisme évolue encore dans les années qui viennent, Internet va suivre. Quelle est votre vision du futur du réseau ? 

Les GAFAM sont là pour rester. Il y a quelques années, les observateurs disaient, sans doute pour se rassurer, que Google et Facebook pouvaient mourir, qu’un concurrent pouvait émerger. Aujourd’hui, ça ne marche plus. Les GAFAM ne sont plus de simples services, mais des sociétés tentaculaires. Quand Facebook constate que les jeunes quittent le réseau, il rachète Instagram, et la concentration s’accélère. Je pense que l’équivalent est à chercher du côté de l’industrie automobile au XXIe siècle. Google a plus à voir avec General Motors qu’avec Altavista. Leur domination est partie pour durer, pour au moins des dizaines d’années.

Illustration de l’étude Gafanomics par Fabernovel
Le contexte définit les évolutions de l’Internet. Si on continue dans le même schéma et dans les mêmes politiques, je ne vois pas comment on pourrait sortir de la situation actuelle, si l’on considère qu’elle va à l’encontre de l’intérêt général. Le point positif est qu’il y a tout de même des discours critiques qui émergent. Des discours politiques, qui se traduisent en volonté de proposer une alternative technologique, de reprendre la main sur nos données, avec tout le travail de Framasoft en France ou de la communauté du logiciel libre. Les travaux académiques autour du digital labor constituent un autre exemple de ce mouvement : on rentre dans une période de maturité par rapport à ces réflexions. L’Internet tel qu’on le connaît a à peine 20 ans, c’est plutôt normal.

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