Quand avez-vous compris qu’Internet allait véritablement transformer nos vies ?
Ian Rogers : J’ai étudié l’informatique à l’université. Au départ, je ne voyais dans Internet qu’un outil à vocation académique. Mais, en 1994, quand j’ai commencé à travailler dans la musique, j’ai découvert Internet Underground Music Archive (l’Iuma), lancé l’année précédente. On pouvait, dès lors, avoir accès à toutes les musiques que l’on voulait sur Internet. J’ai compris, à ce moment-là, que la manière de distribuer un produit comme la musique, mais sans doute aussi tous les produits, allait changer fondamentalement nos modes de vie. On allait passer d’un monde où certains tenaient les postes d’aiguillage à un monde beaucoup plus ouvert.

Stéphane Richard : J’ai compris que le monde allait changer et très rapidement, le jour où l’on m’a démontré le potentiel de la 4G. Je me souviens, il y a trois ans, dans ma voiture, j’ai pu regarder la télévision sur mon smartphone grâce à la 4G sans coupures. Internet existait déjà mais la 4G était la brique technologique qui nous manquait. Pour que cette révolution digitale soit complète, il nous fallait la composante mobilité que la 4G a apportée. Tout s’est accéléré avec la 4G et les smartphones et cela va ­continuer avec la 5G.

I. R. : S’il y a eu une bulle Internet à la fin des années 1990, ce n’est pas parce que la promesse de l’Internet était fausse. C’est juste qu’il nous manquait deux briques essentielles pour que l’innovation rencontre son audience. Le smartphone et les réseaux mobiles haut débit. Aujourd’hui nous avons l’outil et l’infrastructure.

Où en est-on dans la révolution Internet ? Au début, au milieu, ou plutôt vers la fin ?
S. R. : La première fois que je suis allé chez Amazon, à l’entrée du bâtiment, il y avait cette phrase de Jeff Bezos : « Nous n’en sommes qu’au premier jour du voyage ». Je pense que c’est toujours le cas aujourd’hui. Nous allons déployer la 5G, cela va changer à nouveau les choses. Il y a encore des pans entiers de notre vie sociale et de l’économie qui n’ont pas encore été pleinement impactés par la transformation digitale, comme l’éducation ou la santé. Et je n’évoque même pas le potentiel de l’intelligence artificielle.

I. R. : Internet ne change pas tout mais a un impact sur tout. Regardez la musique. Il y a toujours des chansons et des albums mais on ne découvre déjà plus du tout la musique comme avant. Internet a déjà changé notre définition du local. Mais la technologie va encore créer de nouvelles possibilités. La réalité augmentée, par exemple, va encore changer notre rapport aux ordinateurs. Nous n’en sommes qu’au tout début.

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