Le Parlement pousse au blocage par défaut des cookies au nom du respect de la « e privacy ». L’industrie est vent debout contre une réforme qui bouleverserait son écosystème.

L’industrie numérique sera-t-elle bientôt privée des cookies dont elle raffole tant ? L’inquiétude monte au fur et à mesure que le projet de révision de la directive « e-privacy »? sur la collecte et l’exploitation des données personnelles, suit son chemin à Bruxelles. Sous pression du grand public et d’ONG, la Commission européenne veut redonner corps au « consentement préalable obligatoire » de l’utilisateur, instauré en 2009 mais peu efficace.

« Les internautes acceptent par réflexe et sans informations claires, d’autant que des sites sont inaccessibles en cas de refus », y estime-t-on. Son projet, présenté en janvier, durcit le ton en plaçant les navigateurs au centre du jeu : il leur impose de proposer dès leur installation le blocage automatique (et non plus site par site à chaque connexion) des cookies ne servant pas au fonctionnement direct des sites mais à collecter des données, pour le site ou pour des tiers (publicité, marketing, etc.).

Libre à l’internaute d’ensuite les réactiver ou désactiver à sa guise. De quoi faire bondir l’industrie du web, vent debout contre une réforme qui ébranlerait son écosystème. Fin mars, notamment, des éditeurs de presse de tous pays, dont « Les Echos », sont montés au créneau .

Le rapport a été assez bien accueilli par les libéraux (ALDE)

Ses lobbys espèrent inverser la tendance au Parlement européen. Mais mercredi dernier, les conclusions présentées par la rapporteur du texte, la socialiste Estonienne Marju Lauristin, leur a donné des sueurs froides. Elle salue le projet et pousse même les curseurs plus loin, en préconisant un blocage « par défaut » des cookies sur tous les navigateurs (seul Safari le fait aujourd’hui) et en interdisant de bloquer l’accès à un site en cas de refus des cookies.

« Les dispositifs d’opt-out actuels sont trop difficiles à comprendre pour la plupart des utilisateurs », justifie-t-elle. Reprenant l’argumentaire de l’industrie, le conservateur britannique Daniel Dalton (ECR) dénonce une « approche absurde et ridicule, qui va pousser des sites gratuits à devenir payants alors que l’ on peut déjà effacer les cookies ! ».

Mais le rapport a été assez bien accueilli par les autres groupes, dont les libéraux (ALDE). « Ca va tuer Internet », on l’entend depuis des années ! Nous sommes là pour protéger les citoyens et leur droit à la confidentialité. Aux entreprises d’innover pour s’adapter », y explique la néerlandaise Sophia in’t Velde.

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