Daniel Loeb est l’un de ces investisseurs, dits « activistes ». Il vient de s’attaquer à une citadelle que l’on pensait imprenable, le mastodonte suisse Nestlé. Son fonds a pris à peine plus de 3 % du groupe de Vevey – pour 3 milliards d’euros tout de même. Mais cette opération devrait agir comme une piqûre de rappel pour tous les patrons européens. Loeb a déjà remporté une victoire de prestige sur deux noms mythiques de l’industrie américaine, DuPont et Dow Chemical. A l’encontre de Nestlé, il ne mâche pas ses mots. Il trouve que le géant suisse est une belle endormie, met en avant la piètre performance de son cours de Bourse, parle d’une « culture du moindre effort » et réclame des changements d’envergure : redressement des marges, revue du portefeuille de marques, rachats d’actions, vente des parts dans L’Oréal…

Daniel Loeb n’obtiendra sans doute pas gain de cause sur tous ces sujets. Mais il a mis un pied dans la porte. Il va imposer une forte pression sur les dirigeants et il n’a pas l’habitude de relâcher sa proie. Le cours de Nestlé en a déjà pris acte. Car les activistes sont de plus en plus influents. Ils n’hésitent pas à s’attaquer aux idoles des marchés comme Apple, aux vieilles gloires comme Alcoa et même aux vaches sacrées suisses… Face à ces nouveaux barbares, on peut toujours essayer de construire des fortifications – décrets anti-OPA, instauration de droits de vote double… Mais elles se révèlent souvent inutiles quand les performances boursières ne sont pas à la hauteur, quand la stratégie n’est pas suffisamment claire et solide. Tous les géants dont le capital est éclaté sont des cibles potentielles. Y compris en France, où les activistes sont restés plutôt discrets jusqu’à maintenant. Le CAC 40 est prévenu.

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