Pour Jose Cordeiro, membre éminent de la Brain Preservation Foundation et figure de proue de l’Université de la Singularité, il ne fait aucun doute que les technologies d’augmentation des capacités humaines promises par le transhumanisme seront, dans un futur proche, à la portée de tous les êtres humains. Il l’a encore répété le 9 juin dernier, à l’occasion de son passage au festival Futur en Seine. Une assertion avec laquelle Mathias Le Masne de Chermont, lecteur d’Usbek & Rica, n’est pas du tout d’accord. Ce dernier a pris la plume pour tenter de démontrer à M. Cordeiro et ses disciples qu’ils font fausse route. Voici ses arguments.

Vendredi 9 juin 2017, dans la cadre du festival Futur en Seine, Jose Cordeiro, figure de proue du transhumanisme tel qu’il se pense dans la Silicon Valley, s’exprimait sur le devenir des augmentations humaines et la façon dont nous abordons l’âge d’or d’une humanité débarrassée de ses maux grâce aux nouvelles technologies. À la suite de sa présentation, une personne de l’auditoire lui a posé une question très simple : « Comment garantir l’accessibilité des technologies d’augmentation humaine ? ». M. Cordeiro lui a alors répondu avec la même simplicité : « Mais, dans vingt ou trente ans, toutes ces nouvelles technologies dont nous parlons seront accessibles partout car elles seront extrêmement peu chères ».

La bombe était lâchée : les inégalités ne sont pas un problème, il suffit d’attendre patiemment que la main invisible du dieu Marché les règle par elle-même et fasse progressivement se rapprocher les prix de vente de coûts de production toujours décroissants.

La question des inégalités est probablement l’un des plus grands défis auquel les augmentations humaines devront faire face
Cette assertion n’est pas un cas isolé, car l’on retrouve parfois, chez certains penseurs transhumanistes, un optimisme libertarien à toute épreuve et une confiance dans la technologie et ses bienfaits qui relève parfois plus de la foi que de la raison. Bien loin d’être un non-problème, la question des inégalités est probablement l’un des plus grands défis auquel les augmentations humaines devront faire face.

Déjà, certains auteurs ont commencé à identifier la source de différentes fractures potentielles. C’est le cas du médecin et entrepreneur Laurent Alexandre, qui anticipe une première fracture, biologique, au terme de laquelle les personnes disposant naturellement de réseaux neuronaux performants (comprendre capacités cognitives élevées) seraient les plus aptes à tirer profit d’une augmentation artificielle de leur puissance cognitive comparées aux autres. C’est le cas, également, du magazine Motherboard, dont un article identifie une seconde fracture, sociétale, au terme de laquelle les classes peu aisées et dont les revenus ne permettraient pas d’avoir accès aux augmentations seraient encore moins compétitives dans un marché du travail où la norme serait celle de l’homme augmenté. Ces deux fractures toucheront, à leur échelle, tous les pays, même les plus économiquement avancés.

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