J’avais en tête le sujet de l’e-mail depuis pas mal de temps : en regardant sa boîte mail, on se dit souvent qu’on n’en arrivera jamais à bout. On souffre tous de l’e-mail, mais en même temps, on en envoie plein. On a le sentiment que l’on doit répondre super vite à tout, ce qui a une incidence profonde sur la qualité de la communication : finalement, on préfère répondre vite que de manière précise.

– Vous n’êtes pas les seuls à vouloir vous attaquer au sujet…

Tous ceux qui prédisent la mort de l’email se trompent. Slack, par exemple, se présentait au départ comme un “e-mail killer” : aujourd’hui, il n’y a plus aucune référence à cette promesse sur leur site. Promettre de tuer l’e-mail, c’est facile. Le mal est tellement profond que c’est une promesse qui touche tout le monde, mais la tenir est impossible. Nous aurons toujours besoin d’un outil de communication asynchrone. Il faut résoudre le problème de l’e-mail dans l’e-mail, c’est à dire dans le protocole. Mais la technologie est devenue trop grosse pour que le protocole évolue, il y a trop d’acteurs impliqués.

– En France, le concept de “droit à la déconnexion” doit bien vous aider…

Nous allons accélérer ici, car ce sujet a le mérite de pointer du doigt le problème que nous voulons résoudre. L’e-mail est la convergence de toute la communication en entreprise. Il entraîne une course à la vitesse, qui créé des effets néfastes à plein de niveau : le stress, la distraction, l’interruption. Comme les métiers sont de plus en plus collaboratifs, il est devenu difficile de ne regarder ses e-mails que deux fois par jour.

– Comment comptez-vous faire pour améliorer la situation ?

Certains groupes ont mis en place des chartes de l’e-mail, compliquées à faire respecter. D’autres coupent les serveurs à 18h, ce qui est un non-sens. Plutôt que d’aller dans des extrêmes, il faut responsabiliser les gens, leur faire prendre conscience qu’envoyer un e-mail, c’est prendre du temps à quelqu’un. Notre idée est donc de responsabiliser l’émetteur, en lui demandant de déterminer au moment de l’envoi si son e-mail attend une réponse ou une action, et si oui, pour quand. Nous commençons par une première étape : mieux rééquilibrer le rapport entre émetteur et récepteur. On ne va pas remplacer l’email, on lui ajoute une fonctionnalité.

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