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Grâce au « halving », le bitcoin divise par deux ses émissions pour doper sa valeur

C'est la fin du compte à rebours. Peu après deux heures du matin, dans la nuit de vendredi à samedi a eu lieu le très attendu « halving » du bitcoin, c'est-à-dire la division par deux de la rémunération des « mineurs », les acteurs qui valident, à l'aide de puissants ordinateurs, les blocs qui sécurisent les transactions de la cryptomonnaie. Désormais, ce ne sont plus 900 bitcoins qui seront ainsi émis par jour, mais 450 en moyenne. En général annonciatrice d'une hausse du cours à terme, l'opération n'a pour l'heure pas fait bouger le bitcoin, qui reste autour de 63.700 dollars ce samedi matin. Le protocole qui régit la reine des cryptomonnaies est en effet une mécanique de précision. Tous les quatre ans approximativement, ou plus exactement tous les 210.000 blocs validés sur sa blockchain, cette opération est automatique. Et sa mise en place remonte à la création du bitcoin en 2009. Le concepteur de la cryptomonnaie - caché sous le mystérieux pseudonyme de Satoshi Nakamoto - a décidé qu'il n'y aurait, à terme, pas plus de 21 millions de bitcoins en circulation. Pour préserver sa rareté et donc sa valeur, il a opté pour ce procédé qui permet de ralentir les nouvelles émissions au fur et à mesure que le nombre de bitcoins en circulation augmente. Si, aujourd'hui, plus de 90 % des bitcoins potentiels ont déjà été créés, le volume total ne devrait être atteint qu'en 2140. Un ralentissement programmé des émissions de bitcoin Car, concrètement, les bitcoins sont émis pour récompenser les mineurs qui participent à la validation des blocs - l'enregistrement des transactions dans la cryptomonnaie. Un bloc regroupe un ensemble de transactions, mais comprend également l'empreinte du bloc précédent, et du suivant, formant ainsi une chaîne de blocs - une blockchain - continue et immuable. A chaque nouveau bloc émis, une course informatique est lancée entre les mineurs pour résoudre des équations cryptographiques très complexes.

By |2024-04-25T21:33:23+00:00April 25th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Les mineurs de bitcoins face à une réduction de moitié de leurs revenus

Le choc est violent. « Du jour au lendemain, on perd la moitié de nos revenus », résume Sébastien Gouspillou, le patron de BBGS Mining. Tous les quatre ans environ - ou plutôt tous les 210.000 blocs -, le compte à rebours est relancé. Le « halving » est au coeur du fonctionnement de la blockchain bitcoin et entraîne mécaniquement une baisse de moitié de la récompense des mineurs pour leur travail de vérification des transactions. Avec ce nouveau halving, les revenus des mineurs de bitcoin vont donc diminuer de moitié, passant de 6,25 bitcoins par bloc miné depuis 2020 à 3,125 désormais. Dans le même temps, leurs coûts demeurent cependant fixes, voire augmentent. « Le premier poste de dépenses reste l'électricité », rappelle Sébastien Gouspillou. Car miner du bitcoin a un prix : celui des machines d'abord, et celui de l'énergie pour les faire tourner. En effet, pour miner du bitcoin, il faut résoudre des équations cryptographiques particulièrement complexes et les mineurs sont mis en compétition pour y arriver le premier - une course informatique alimentée par des machines spécialement conçues pour le minage et qui sont très gourmandes en électricité. 10 milliards de dollars de pertes par an Jusqu'à présent, l'augmentation continue des prix du bitcoin a permis de compenser ces coûts d'énergie et a alimenté la croissance du secteur. Depuis que les premières machines spécialisées sont entrées en jeu en 2013, la capitalisation boursière totale de quatorze sociétés minières cotées aux Etats-Unis a atteint environ 20 milliards de dollars, selon un rapport récent de JPMorgan. Mais sur la base du prix actuel du bitcoin, le halving pourrait entraîner des pertes de revenus de quelque 10 milliards de dollars par an pour l'ensemble du secteur. D'après un rapport de Cantor Fitzgerald, publié en janvier, de nombreux géants du minage, dont Marathon Digital, Riot Platforms et Core Scientific, pourraient voir leur rentabilité s'effriter si les coûts pour produire un seul bitcoin ne sont pas compensés par un prix de l'actif assez élevé. Selon la banque d'investissement américaine, le mineur britannique Argo Blockchain et le floridien Hut 8 sont potentiellement les plus  en difficulté après le halving, avec un coût par bitcoin de respectivement 62.276 et 60.360 dollars. De quoi faire trembler les gros noms de l'industrie sur les marchés. Les actions de Marathon Digital, Riot Platforms et CleanSpark ont enregistré une baisse de 17 % à 25 % sur les trente derniers jours. Et le fonds négocié en Bourse Valkyrie Bitcoin Miners a chuté d'environ 28 % ce mois-ci. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Bitcoin : 3 questions sur le « halving », ce mécanisme qui doit encore accentuer la hausse du cours DECRYPTAGE - Halving du bitcoin : le « choc d'offre » qui affole les marchés Les mineurs parient de leur côté sur une stimulation de la demande suscitée par les ETF Bitcoin au comptant pour atténuer l'effet négatif du halving. Depuis leur approbation en janvier aux Etats-Unis , la dizaine de portefeuilles approuvée a attiré une entrée nette de plus de 12 milliards de dollars. Cette demande a contribué à porter la plus grande crypto à un niveau record de 73.798 dollars à la mi-mars. De plus, cet afflux de liquidité couplé aux inquiétudes liées au halving aurait entraîné une « sous performance » des valeurs boursières des grands acteurs du minage. Celles-ci seraient à la traîne par rapport au prix actuel du bitcoin, explique une note du géant de la gestion d'actifs AllianceBernstein. Et comme le rappelle Sébastien Gouspillou, la rentabilité du minage est toujours dépendante du prix du bitcoin, « halving ou pas ». Consolidation Les coûts élevés et une réduction des marges favorisent la consolidation du secteur : certaines sociétés minières ont acheté des participations dans des concurrents, et même fusionné, comme Hut 8 et Bitcoin Corp, à la fin de l'année dernière. Surtout qu'avec la flambée du cours du bitcoin, les géants du minage se sont constitué de solides réserves pour affronter le halving et se mettre en position d'avaler des concurrents. Dans son dernier rapport, Hut 8 a indiqué que ses réserves totales s'élevaient à 9.105 bitcoins, soit 550 millions de dollars aux prix actuels. LIRE AUSSI : 2028 : comment les cryptomonnaies ont pris le pouvoir DECRYPTAGE - Les traders parient sur la poursuite du super cycle du bitcoin Un autre poids lourd du secteur, Marathon Digital, a accumulé un trésor de guerre totalisant 1,5 milliard de dollars, selon ses derniers comptes, pour lui permettre de financer d'éventuelles acquisitions afin d'augmenter ses capacités. « Nous sommes en mesure d'examiner les opportunités », a déclaré à l'AFP Adam Swick, directeur de la croissance de Marathon. « Le minage du bitcoin a toujours été la course au dernier survivant », souligne le patron de BBGS Mining. Cette consolidation inquiète une partie de l'industrie cryptographique en raison de l'impact du retrait des petits mineurs si leur activité n'est plus rentable. Leur départ pourrait affaiblir la sécurité du réseau, le rendant potentiellement plus vulnérable aux attaques, du moins à court terme, jusqu'à ce que les ajustements ne se réalisent mécaniquement.

By |2024-04-25T21:32:59+00:00April 25th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Harvard : la chute d’un empire américain

Il est 17 heures, les cours sont finis, la rédaction du Harvard Crimson s'emplit doucement d'étudiants-journalistes. Ils posent leur ordinateur dans la salle commune aux murs cramoisis (« crimson »), la couleur officielle de l'université et de la gazette estudiantine créée en 1873. Le quotidien, qui fut présidé par Franklin Roosevelt et John Kennedy, siège dans une belle maison de ville à Cambridge, au coeur du campus de Harvard, dans le Massachusetts. Sellers Hill, actuel président de la publication, un géant dégingandé qui se destine à la médecine, a conscience de documenter un tournant historique pour Harvard. L'université la plus prestigieuse du monde, la fabrique de l'élite américaine, est au centre de multiples polémiques depuis une dizaine de mois. On lui reproche tout à trac de réprimer la liberté d'expression et la liberté académique, de laisser libre cours à l'antisémitisme, d'être un nid de gauchistes et, surtout, de saccager la méritocratie en faisant primer la défense des minorités raciales et sexuelles sur l'excellence universitaire. Aux yeux des Américains, Harvard est devenue l'incarnation du « woke ». Sellers Hill, l'actuel président du journal étudiant « Harvard Crimson » dans son bureau.Simon Simard Pour Les Echos Week-End Il faut remonter à la guerre du Vietnam pour retrouver une telle ébullition sur le campus, avance le jeune homme. Avec quelque chose d'inédit : « L'université n'a jamais connu une telle crise auprès de l'opinion publique, une menace unique pour sa réputation », analyse-t-il. Le Crimson a donc changé d'approche éditoriale. Il s'est mis à guetter ce qui se disait ailleurs sur Harvard, pour démêler le vrai du faux. Tout en prenant de vitesse les médias nationaux sur l'actualité du campus. Miles Herszenhorn, directeur de la rédaction du « Harvard Crimson », dans les locaux de la publication.Simon Simard Pour Les Echos Week-End Pari réussi pour les jeunes journalistes. « On a eu des millions de lecteurs ces cinq derniers mois, des journées avec dix ou vingt fois plus de visites sur nos pages que d'habitude », sourit Sellers Hill. Le président a aussi été bombardé de courriels désagréables de toutes obédiences, notamment au sujet de la guerre à Gaza. LIRE AUSSI : Ces prestigieux étudiants de l'université d'Harvard Une période fascinante aussi pour le directeur de la rédaction, Miles Herszenhorn. L'ex-reporter aux ongles vernis bleu ciel et au sweat-shirt couleur parme s'est rendu au Congrès en décembre pour couvrir l'audition de la présidente de Harvard, Claudine Gay, par un comité parlementaire sur l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur. Comme ses consoeurs de Penn University et du MIT, la dirigeante est tombée dans le piège tendu par des députés républicains : elle n'a pas su dire clairement qu'appeler au génocide contrevenait aux règles de l'université. La grande confusion de l'élite « woke », en direct à la télévision. Pression des donateurs Le 3 janvier, Miles Herszenhorn a sorti un scoop, repris dans les médias du monde entier : la démission de Claudine Gay, après six mois tumultueux en poste. La présidence la plus courte de l'histoire d'une institution quatre fois centenaire. Ouch ! Le conseil a cessé de soutenir la présidente quand la pression des donateurs et des politiques est devenue trop forte. Les ennemis de Claudine Gay ont passé au peigne fin ses écrits afin d'y trouver des traces de ce qu'ils ont appelé du plagiat. Quelques unes du « Harvard Crimson », couvrant notamment l'affaire Claudine Gay.Simon Simard Pour Les Echos Week-End Dernière révélation dévastatrice du Crimson, en février : le comité qui avait recruté cette professeure de sciences politiques et d'études afro-américaines n'avait pas examiné ses compétences académiques, juste son expertise administrative. Un peu court. L'affaire Gay a été le point culminant des ennuis de Harvard depuis l'an dernier. Tout a commencé par la défaite judiciaire de juin 2023, lorsque la Cour suprême a mis fin à l'« affirmative action », c'est-à-dire à la discrimination positive en faveur des minorités raciales et sexuelles pour l'admission à Harvard. L'université était poursuivie depuis des années par un activiste conservateur, Edward Blum, qui a juré de rendre les Etats-Unis « aveugles » à la couleur de peau. Le contrepied exact de la doctrine de la Corporation, cette structure administrative opaque qui gouverne l'université. Puis arrive le 7 octobre 2023, date du massacre par le Hamas de 1.200 Israéliens. Une tragédie qui transforme le campus en chaudron contestataire. Le jour même, plusieurs organisations estudiantines pro-palestiniennes déclarent « considérer le régime israélien comme entièrement responsable de tout ce déploiement de violence » dans une lettre ouverte publiée sur Instagram. Un terrible manque de discernement, en ce jour de carnages et de viols. Vue du Harvard Yard, la partie la plus ancienne du campus.Tony Luong/The New York Times-rea Plusieurs signataires se rétracteront ensuite. Mais le mal était fait. Le gestionnaire de hedge fund Bill Ackman, un ancien élève et bienfaiteur qui a plus d'un million d'abonnés sur X, jure que ces étudiants ne trouveront jamais de travail à Wall Street. Une organisation conservatrice fait circuler sur le campus un camion avec la photo et le nom des leaders, désignés « chefs des antisémites à Harvard ». A la suite d'une recrudescence de tensions communautaires sur le campus, une plainte pour antisémitisme est déposée contre Harvard, prélude à une collection de procédures contre les universités d'élite, de Columbia à New York University. Des anciens élèves juifs de Harvard, indignés, forment une alliance forte de 1.800 alumni. Elle appelle à suspendre les donations jusqu'à ce que l'université montre qu'elle protège ses étudiants juifs. « Ces histoires de diversité et d'inclusion, ça suffit, explique l'un de ces mécènes déçus. Harvard a fait ce qu'il fallait pour remédier à ce fléau de l'esclavage, peut-être pas assez, mais il y a des difficultés ailleurs, y compris pour les juifs. » Avocat à la retraite, dans une famille où on est harvardien de père en fils, il a donné chaque année à son alma mater, pendant cinquante ans. Il avait même couché l'université sur son testament. Il a transféré ses dons à une association d'entraide juive, Harvard Hillel. Le milliardaire Kenneth Griffin, qui avait accordé 300 millions de dollars et dont le nom est gravé sur la façade de plusieurs bâtiments du campus, a également interrompu ses donations. Une très mauvaise publicité pour l'université et une lourde menace financière. Ne pas heurter les bien-pensants inclusifs En cette fin mars, au retour de la pause universitaire du printemps, on a du mal à croire qu'il y a eu ici des manifestations monstres en soutien à Gaza, où les négateurs d'Israël chantaient « du fleuve [Jourdain] jusqu'à la mer [Méditerranée] ». Les drapeaux et les banderoles ont été rangés ; les petites annonces purgées. Une bonne odeur d'humus monte des plates-bandes amoureusement entretenues. Le « yard », cette cité interdite verdoyante où se concentrent les étudiants de la première à la quatrième année, a retrouvé sa tranquillité multiséculaire. John F. Kennedy en juin 1940, lors de la cérémonie de remise des diplômes. Parmi les « harvardiens » célèbres, on recense aussi les présidents George W. Bush et Barack Obama, les entrepreneurs Bill Gates et Mark Zuckerberg, les acteurs Matt Damon et Natalie Portman. Et, côté français, l'entrepreneuse Apollonia Poilâne.Alamy/Abaca Tout le monde n'a pas été choqué par les actions protestataires de l'automne. « Ça a vraiment été une période intéressante. J'espère que Harvard est persuadé comme moi que chacun doit pouvoir exprimer ses idées, tant que cela ne fait de mal à personne », commente Raquel, une étudiante noire de troisième année en histoire et en économie. Cette avocate de la liberté d'expression n'ose cependant pas dire si elle se sent libre de s'exprimer à Harvard, car la question lui paraît « trop sensible ». A Harvard, on ne cesse de s'autocensurer, confirme Joey, un jeune homme en short qui court sur le gazon avec un sac à dos chargé. Déjà diplômé du « college », il poursuit ses études à la fac de droit. C'est un oiseau rare par ici : un conservateur, sur un campus où 77 % des élèves se disent de gauche. « Je dois mesurer en permanence si cela vaut le coup de voler un peu dans les plumes de quelqu'un, ou s'il vaut mieux me taire, raconte-t-il. En cours, quand les autres se moquent du capitalisme, qui n'est pas fiable, bla-bla, si tu prends sa défense, on va te critiquer. » L'étudiant est affilié à la Federalist Society, étiquetée conservatrice, et sait que cela fait jaser, car « il y a une stigmatisation ». Rien de bien dramatique pour Joey, qui en rit. Mais parfois, la censure exercée par les étudiants se fait menaçante. En 2021, la professeure de biologie Carole Hooven a été prise à partie après avoir expliqué que certes, les identités de genre devaient être respectées, mais qu'il existait bien deux sexes biologiquement distincts, déterminés « par les gamètes que nous produisons ». Un commentaire « transphobique et nocif » a clamé sur les réseaux sociaux un étudiant responsable de la diversité et de l'inclusion dans sa faculté. Ses cours ont été boycottés, elle n'a pas pu recruter d'assistant. Faute de soutien de l'administration, elle a quitté son poste en 2023. « Elle aurait dû être défendue », juge Eric Maskin, qui enseigne les maths et l'économie à Harvard, et qui a eu pour élève le Français Jean Tirole - les deux sont récipiendaires d'un prix Nobel. Il y a un an, Eric Maskin a participé à la création du Conseil de la liberté académique à Harvard, qui regroupe plus de 170 membres. « Il m'a semblé que la liberté académique était attaquée dans les grandes universités et pas seulement à Harvard, justifie-t-il. Cette montée graduelle des restrictions de ce que l'on peut dire vient de la gauche du spectre politique - la droite crée d'autres problèmes. » Chaque jour, les membres du Conseil rapportent de nouveaux incidents, via la messagerie interne du groupe, assure Eric Maskin. Ils confient choisir soigneusement leurs mots pour ne pas bousculer des élèves à l'identité fragile et très susceptibles. Ici, on a peur de dire « femme », un terme jugé trop agressif, par opposition à « personne s'identifiant comme femme ». Là, il faudrait dire « personne enceinte » plutôt que « femme enceinte » pour ne pas heurter les bien-pensants inclusifs. Manifestation en faveur de l'« affirmative action » devant la Cour suprême à Washington en juin 2023. Peine perdue : la plus haute instance judiciaire américaine a mis fin à la discrimination positive en faveur des minorités raciales et sexuelles pour l'admission à Harvard.Kenny Holston/The New York Times/REA « A un moment, dans les années 2010, il est devenu courant pour les étudiants de dire qu'ils ne se sentaient pas en sécurité quand ils entendaient des choses qui les offensaient », relate la professeure de droit de Harvard Jeannie Suk Gersen, dans un essai paru en janvier dans le New Yorker. Des élèves lui ont d'abord suggéré de retirer de son cours la loi pénale applicable au viol, car cela implique d'étudier également les arguments juridiques pour la défense du violeur - intolérable. « Après cela, les étudiants m'ont demandé de les dispenser de discuter ou d'être interrogés sur les armes, les gangs, la violence domestique, la peine de mort, les problématiques LGBTQ, la brutalité policière, le kidnapping, le suicide, l'avortement », poursuit-elle. Elle a refusé, « mais des professeurs à travers le pays ont accepté des demandes similaires », se désole cette coprésidente du Conseil sur la liberté académique. Des institutions submergées par la culpabilité Puis est arrivé l'assassinat de l'Afro-Américain George Floyd par un policier blanc, en 2020, suivi d'une puissante vague « Black Lives Matter ». Soudain, il a fallu réparer des siècles de torts causés aux minorités, de l'esclavage au patriarcat. En dépit des bonnes intentions initiales, cela a abouti à diviser la société, les opprimés d'un côté, les oppresseurs de l'autre, chacun enfermé dans une identité figée, tout débat empoisonné. « C'est bien de s'affirmer en tant que noir, ou juif, ou gay, et d'être reconnu comme tel. Mais s'il y a un déséquilibre perçu dans la façon de traiter chaque groupe, vous préparez le terrain pour les conflits », observe Harry Lewis. Ce mathématicien semi-retraité enseigne l'informatique à l'école d'ingénieurs John Paulson. C'est sa cinquantième année à Harvard. Il a notamment formé Bill Gates et Mark Zuckerberg. Aujourd'hui, il compare l'atmosphère sur le campus à « de la poudre inflammable ». LIRE AUSSI : Universités : le mal américain Yascha Mounk règle son compte au wokisme « Nous avons en partie créé cela, nous, les enseignants et l'administration, regrette-t-il. L'accent mis pas seulement sur l'identité, mais aussi sur notre devoir protecteur, a incité les gens à exiger d'être protégés de tout ce qu'ils ne voulaient pas entendre. » Après le meurtre de George Floyd, la culpabilité a en effet submergé les institutions. Elles se sont mises à multiplier les gages de repentance. Par conséquent, les départements « diversité, équité et inclusion » (DEI) ont pris de l'ampleur, pour sensibiliser mais aussi policer les attitudes. LIRE AUSSI : Sciences Po, affaire d'Etat Les universités, voulant se montrer exemplaires, sont descendues dans l'arène politique. « Quand il y a eu les grandes manifestations nationales en 2020, la direction de Harvard a pris des positions assez fortes. Résultat, aujourd'hui, les gens ont le sentiment que la réaction de l'administration aurait été plus déterminée si les victimes du 7 octobre n'avaient pas été des juifs », note Harry Lewis. Autrement dit, une minorité qui n'a pas besoin d'être protégée. « Je pense que la présidence de Harvard devrait cesser de prendre position publiquement sur des sujets qui ne sont pas directement en lien avec notre système éducatif », en conclut l'enseignant. La « neutralité institutionnelle », pratiquée à l'université de Chicago, est d'ailleurs une piste étudiée par le nouveau duo dirigeant, le président temporaire de Harvard, Alan Garber, et son numéro 2 John Manning, qui présente la particularité d'être un conservateur. LIRE AUSSI : Harvard, l'université milliardaire Comment Harvard fait fructifier le pactole à 50 milliards de ses étudiants L'autre réforme qui va être scrutée de très près, c'est bien sûr la procédure d'admission, post- « affirmative action ». Elle a été mise en conformité et la direction de Harvard a annoncé le 11 avril qu'elle restaurait les tests standardisés à l'admission, pour favoriser la méritocratie et la diversité sociale. La proportion de noirs va-t-elle dramatiquement chuter à l'arrivée de la nouvelle promotion, en mai ? Les Asiatiques vont-ils tout rafler ? L'an dernier, Harvard avait révélé fin mars avoir admis en procédure avancée 15 % d'Afro-Américains, 30 % d'Asio-Américains, 11 % de Latinos et 2 % d'indigènes, des proportions à peu près stables au fil des ans. La publication des statistiques 2024 a opportunément été repoussée à l'été. Kate (le prénom a été modifié), une étudiante asiatique de troisième année en économie, est persuadée que la discrimination positive va se perpétuer sous d'autres formes : « Les responsables des admissions vont traquer tous les petits détails pour identifier les candidats noirs, par exemple l'endroit où ils vivent », suppose-t-elle. Il y a d'autres privilèges que la race, insinue-t-elle : « Si vos parents sont allés à Harvard et qu'ils sont dans les 1 % les plus riches, vos chances d'entrer à Harvard sont quasiment de 50 %, bravo ! » Dans cette grande université éprise de justice sociale mais égarée en chemin, il y a encore de beaux chantiers à ouvrir.

By |2024-04-20T22:39:38+00:00April 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Les traders parient sur la poursuite du super cycle du bitcoin

Après une chute de  8 % samedi provoquée par les tensions entre l'Iran et Israël, le bitcoin (BTC) a regagné une partie du terrain perdu. La crise géopolitique est un nouveau test de sa résilience. Les attaques terroristes contre Israël du 7 octobre n'avaient pas eu d'effet dépressif notable sur son cours, alors autour de 28.000 dollars. Depuis l'irruption des « ETF bitcoin » aux Etats-Unis, l'intérêt et la convoitise des traders n'ont pas été démenties du fait de l'envolée de la leader des cryptos. Les ETF bitcoin, ces instruments cotés à Wall Street, qui suivent l'évolution de la plus célèbre des cryptos ont connu un engouement massif des investisseurs. Ils vont aussi créer de nouvelles sources de profits et d'arbitrage pour les firmes de trading, notamment du monde de la haute fréquence (les automates de trading ultrarapides) et les fonds. LIRE AUSSI : Bitcoin et cryptos : les investisseurs gardent leur calme malgré la correction du marché Les traders et gérants parient sur une poursuite de l'envolée du bitcoin en 2024 Ces nouvelles « briques » de la maison du bitcoin vont renforcer ses fondations en élargissant sa base de clientèle. Elles ne vont pas cannibaliser d'autres produits, notamment dérivés (contrats à terme) selon le sondage réalisé en mars par la firme Acuiti en partenariat avec Avelacom auprès d'une centaine d'acteurs du monde du trading. La grande majorité des sondés estiment que la liquidité et les volumes des marchés de produits dérivés sur le bitcoin ne vont pas souffrir de cette concurrence, voire vont en bénéficier. Les ETF bitcoin vont inciter la moitié des firmes de trading américaines et asiatiques qui n'étaient pas encore exposées aux cryptos à investir dans cette classe d'actifs. Les Européens et les Anglais attendent que l'Europe et le Royaume-Uni rattrapent leur retard sur les Etats-Unis en lançant des produits comparables. Ils sont ainsi beaucoup moins enthousiastes que les Américains sur ces nouveaux produits, un non-événement pour leur développement éventuel sur le bitcoin malgré l'effet très positif sur les cours depuis 7 mois. 100.000 dollars au soleil Après un record à 73.750 dollars (environ 69.000 euros), l'appétit pour les sommets n'est pas comblé. Sur les options, certains traders ont les 100.000 dollars en ligne de mire cette année, voire dès cet été. A ce niveau psychologique, le bitcoin vaudrait près du tiers de la valeur moyenne d'une maison aux Etats-Unis (341.000 dollars). Il s'établit aujourd'hui à près de 67.000 dollars, soit 325 % au dessus de sa moyenne de long terme (depuis 2014), qui s'établit à 15.800 dollars. La réduction prochaine de l'offre de bitcoin (le « halving ») va encore accentuer le déséquilibre entre une demande élevée et des bitcoins de plus en plus rares. Lors des trois derniers halving, qui interviennent tous les 4 ans (28 novembre 2012, 9 juillet 2016, 11 mai 2020), le bitcoin avait gagné entre 3 % et 8,5 % dans les 5 jours suivant l'événement. Anticipée par le marché, cette rareté programmée du bitcoin , est sans doute au moins partiellement déjà intégrée dans les cours. Elle a contribué à la belle performance des gérants. Au premier trimestre, les fonds spéculatifs spécialisés sur les cryptos ont gagné autour de 50 % selon Eurekahedge et Hedge Fund Research. Le fonds crypto - BH Digital - lancé par le hedge fund Brevan Howard a progressé de 34,5 %, selon l'agence Bloomberg. Celui de la firme Pantera a bondi de 66 % grâce notamment à son investissement sur Solana, la 5e crypto du marché, qui a vu son cours doubler au premier trimestre. Le fonds a en revanche réduit ses investissements sur le bitcoin. Cette année, les dix premières cryptos ont, en moyenne, vu leur cours doubler. Les deux leaders, tant en termes de capitalisation que de volume, bitcoin (+58 %) et Ethereum (+43 %) ont connu des progressions moindres, après avoir tiré vers le haut tout le marché à partir d'octobre dernier. La perspective des lancements des produits cotés en Bourse (ETF) tant sur le bitcoin que l'Ethereum a profité à l'ensemble du marché.

By |2024-04-20T22:36:43+00:00April 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Agriculture, industrie, nucléaire : qui sont les gros consommateurs d’eau en France ?

Les pluies abondantes de l'hiver et de ce début de printemps, qui ont ramené les nappes phréatiques à un niveau « globalement satisfaisant » selon le dernier pointage du BRGM, éloignent le spectre d'une sécheresse estivale cette année. La question du partage de l'eau reste néanmoins cruciale, alors que le réchauffement climatique va continuer à raréfier les ressources hydriques dans les années à venir. Celles-ci ont déjà reculé de 14 % au cours des quinze dernières années, rappelle une note de France Stratégie publiée ce jeudi, qui fait le point sur les usages de l'eau dans l'Hexagone. Travail de prospective Un travail bienvenu, alors que les chiffres font polémique dès que des tensions sur l'eau apparaissent. Qui, de l'agriculture ou des centrales nucléaires, consomme le plus ? Cette note constitue la première étape d'un travail de prospective sur les usages de l'eau à l'horizon 2050, que le centre de réflexion rattaché à Matignon doit remettre au Premier ministre à l'automne prochain. LIRE AUSSI : ZOOM - Centrales nucléaires, agriculture : qui consomme l'eau en France Agriculture : un recours accru à l'irrigation qui fait débat Pour y voir clair, il faut distinguer prélèvements et consommation. Les prélèvements sont des « volumes d'eau extraits définitivement ou temporairement » de la nature, rappelle France Stratégie. Une partie de ces volumes y retourne après utilisation : c'est le cas de l'eau utilisée dans les canaux ou pour refroidir les centrales nucléaires, par exemple. Non sans impact, rappellent aussi les auteurs de l'étude : les eaux restituées peuvent être polluées ou réchauffées, et leur rejet peut intervenir avec un décalage de temps (neiges artificielles) ou à un autre endroit. Selon la note, les prélèvements d'eau en France sont relativement stables dans le temps : 31 milliards de mètres cubes en moyenne sur la période 2012-2019, 30,2 milliards en 2020. Une petite moitié (47 %) est prélevée par le secteur énergétique et 18 % par les canaux, tandis que l'eau potable représente 14 % et l'agriculture 11 %.

By |2024-04-20T22:36:09+00:00April 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

L’écologie doit être décentralisatrice

J'aimerais tellement voter écolo. La question du rapport de l'homme à son milieu est d'évidence la plus critique aujourd'hui, même si les urgences de l'actualité la renvoient sans cesse au second plan. A quoi bon se chamailler sur l'égalité et la liberté, la redistribution et la souveraineté, les droits des uns et les privilèges des autres, si le fondement même de nos sociétés, l'environnement dans lequel elles s'inscrivent, est au seuil de la rupture ? Au-delà même du dérèglement climatique et de l'exigence de décarbonation, qui offre la confortable illusion de solutions purement techniques, c'est l'effondrement vertigineux de la biodiversité qui devrait nous interpeller. Un mode de vie qui tue la vie n'est pas vivable. Je crains que, dans vingt ans, notre préoccupation soit moins de développer l'intelligence artificielle que de trouver de l'eau potable et des terres fertiles. Voter utile Les élections européennes semblent le meilleur moment pour voter utile. Le groupe des Verts représente plus de 10 % des sièges au Parlement européen. Dans un contexte de coalitions volatiles, établies sujet par sujet, il est en position d'exercer une influence déterminante. A Bruxelles, les Verts s'égarent moins dans leurs lubies sociétales et leurs chicaneries internes. Ils retrouvent le coeur de leur mission, en luttant pour le Pacte vert ou le règlement sur la restauration de la nature. Leur voix est d'autant plus précieuse que la droite européenne a brutalement tourné le dos à la cause écologique et se fourvoie dans un populisme productiviste. LIRE AUSSI : Jean-Marc Jancovici, l'écologiste qu'on écoute Menaces climatiques : Bruxelles exhorte les Vingt-Sept à agir urgemment J'observe donc avec une attention particulière la campagne nationale des Verts, qui ne manque pas de courage ni d'inventivité. Le recentrage de leur discours sur la question du vivant est une excellente nouvelle. Mais je n'ai pas lu sans frayeur leur appel à construire un « Etat providence européen », seul capable de fournir une « protection sociale climatique ». Sommes-nous condamnés à toujours plus d'Etat ? Rappelons tout d'abord que, historiquement, la pensée écologique s'est construite contre le pouvoir central. Henry David Thoreau, le poète de « Walden », prônait la désobéissance civile vis-à-vis de l'Etat fédéral américain et se réjouissait de trouver dans la nature sauvage un refuge hors des lois. Elisée Reclus, géographe engagé qui voulait faire de l'homme la « conscience de la terre », était anarchiste. Arne Naess, fondateur de l'écologie profonde, appelait à une décentralisation extrême. Murray Bookchin, figure de l'éco-anarchisme, promouvait un « municipalisme libertaire » qui inspire aujourd'hui les révolutionnaires kurdes. Et même les post-marxistes des années 1970, Ivan Illich ou André Gorz, mettaient en garde contre la tentation de traiter les problèmes environnementaux par les dispositifs technocratiques qui en sont à l'origine. Appétit d'autonomie Cet appétit d'autonomie locale est fondé sur le principe d'une double responsabilité. Responsabilité individuelle : pas d'écologie possible sans ce « sentiment de nature » personnel vanté par Reclus. Et responsabilité communautaire : on prend d'autant mieux soin de son milieu que l'on est directement impliqué dans les décisions qui le concernent et exposé à leurs conséquences. C'est le sens des fameux « communs », qui ne sont aucunement réplicables à l'échelle d'une nation, sauf à titre de métaphore. LIRE AUSSI : Climat : l'UE prend le risque politique de relever ses ambitions pour 2040 Européennes 2024 : l'écologie s'impose comme l'un des sujets d'affrontement de la campagne A l'inverse, l'Etat providence repose, comme l'a montré le philosophe François Ewald, sur une logique de transfert du risque. Si l'Etat Providence peut mettre en place une mutualisation bénéfique dans les domaines de la santé ou du travail, qui concernent les relations des êtres humains entre eux, il est illusoire de vouloir bâtir une écologie assurantielle , où l'on s'en remettrait au calcul actuariel pour garantir la bonne gestion des écosystèmes. Rien de moins propice à changer ses mauvaises habitudes que de « s'assurer » collectivement contre les dommages qu'elles entraînent ; comme s'il suffisait de s'en remettre à la règle pour pallier l'inconséquence des comportements. La nature doit être considérée comme une source de joie, pas comme un facteur de risque ! Racines J'appelle les écologistes à revenir aux racines de leur mouvement, sans se laisser piéger par un étatisme probablement dérivé de leurs alliances politiques. Tout l'enjeu d'acceptabilité de l'écologie, y compris au Parlement européen, est de réconcilier l'individu et son milieu, la liberté et la nature. Il y a des politiques publiques considérables à imaginer pour donner aux communautés les moyens de s'organiser et de s'adapter. Dans une Europe fondée sur la subsidiarité, les écologistes doivent se faire les avocats de la décentralisation. Ils y gagneraient au moins un vote : le mien ! Gaspard Koenig

By |2024-04-20T22:35:47+00:00April 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Netflix au sommet grâce à la lutte contre le partage de comptes

Netflix démarre l'année en trombe. Le numéro un mondial du streaming a dévoilé des résultats exceptionnels jeudi soir, dépassant largement les attentes des analystes. Il a ajouté 9,3 millions d'abonnés. Au sortir de la pandémie de Covid, le géant américain avait perdu des abonnés pendant deux trimestres consécutifs, provoquant un vent de panique sur les marchés. Ses revenus trimestriels s'établissent à 9,4 milliards de dollars, en hausse de 15 % sur un an. Ses profits explosent : son résultat opérationnel atteint 2,6 milliards, au lieu de 1,7 milliard un an auparavant. Enfin, sa base d'abonnés continue à croître. Avec 269 millions de comptes payants, Netflix dépasse largement tous ses concurrents. Malgré ces excellents résultats, le géant américain du streaming a déçu les marchés. Son action a baissé de près de 5 % dans les heures après la fermeture de Wall Street. Ce manque d'enthousiasme s'explique en partie par la très bonne performance de Netflix en Bourse : son action a grimpé de plus de 30 % depuis le début de l'année. Motus sur les abonnements Par ailleurs, ses dirigeants ont annoncé qu'à partir de l'année prochaine, l'entreprise ne dévoilerait plus le nombre total d'abonnés lors de ses publications trimestrielles. « Les abonnements ne sont qu'un indicateur parmi d'autres de notre croissance », écrivent les PDG de Netflix dans une lettre aux actionnaires. D'autant plus que l'entreprise multiplie les offres à des prix différents, avec ou sans publicités.

By |2024-04-20T22:34:39+00:00April 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Pour la première fois, l’an dernier, le monde a vu plus d’images produites par l’IA que prises avec un objectif.

63 % des personnes affirmant qu’elles s’inquiètent du fait que les images soient créées sur un ordinateur plutôt que prises dans « le monde réel ». INfluencia: quel est votre sentiment sur l’évolution de la fabrication d’images? N’y aura-t-il pas un retour au réel pour rassurer les utilisateurs? Rebecca Swift: nous savons grâce à notre enquête VisualGPS que les gens accordent de l’importance aux contenus authentiques, créés par des humains, avec 63 % des personnes affirmant qu’elles s’inquiètent du fait que les images soient créées sur un ordinateur plutôt que prises dans « le monde réel ». L’authenticité est également devenue un élément clé de la confiance à l’ère de l’IA. Dans l’étude VisualGPS, toujours, les gens définissent l’« authentique » comme étant « réel/la vraie chose », suivi de « vrai/véridique » et « original », et 98 % des consommateurs conviennent que les images et vidéos « authentiques » sont essentielles pour établir la confiance. Personne ne veut avoir l’impression d’avoir été trompé en croyant qu’une image est réelle alors qu’elle ne l’est pas. Cela correspond à la forte réaction constatée avec nos collections #ShowUs, The Disability Collection et The Disrupt Ageing Collection – qui exigeaient d’intégrer l’authenticité, soit en étant informé sur  les personnes qu’elles représentent, soit créées par elles. Nous croyons que soutenir et protéger la communauté des créateurs est d’une importance capitale, c’est pourquoi nous avons pris le temps de créer des outils d’IA basés sur du contenu autorisé et compensons nos créateurs de manière récurrente sur une base annuelle. nos clients français portent sur des images d’archives et des contenus vidéo exclusifs et idéalement inédits. IN. : quelle réflexion stratégique mène iStock sur le monde de l’image à plus proprement parler? Films, documentaires, Mags? R.S. : dans le cadre de nos services chez Getty Images, nous travaillons en étroite collaboration avec les diffuseurs, les producteurs, les documentalistes et les médias du monde entier, pour répondre à leurs besoins de visuels spécifiques. Les demandes les plus courantes de nos clients français portent sur des images d’archives et des contenus vidéo exclusifs et idéalement inédits. Non seulement nous exploitons notre réseau de partenaires exclusifs de contenus vidéo, tels que BBC Motion Gallery et NBC News Archives, pour trouver des vidéos inédites, mais nous nous appuyons également sur l’immense bibliothèque d’images d’archives de Getty Images pour dénicher des trésors cachés. De plus, nous nous servons de l’expertise de nos conservateurs du fonds Sygma, dont les archives se trouvent à Dreux, pour de nombreux projets spécifiques produits en France ; car seulement 1% des plus de 35 millions d’images de l’archive Sygma ont été numérisées à ce jour ! Nos recherches vont aider à découvrir des photos exceptionnelles, totalement inédites car jamais publiées en France. 1% des plus de 35 millions d’images de l’archive Sygma ont été numérisées à ce jour ! Nos recherches vont aider à découvrir des photos exceptionnelles Au cours des cinq dernières années, notre relation professionnelle avec les diffuseurs et les sociétés de production françaises est passée de la simple fourniture de contenus, à un partenariat créatif et commercial ; nous pouvons les assister sur toutes les étapes du développement et de la production. Les producteurs travaillent désormais avec nos experts locaux dès la phase de développement d’un projet pour fournir des solutions créatives et financières. Pour que les recherches d’archives de la BBC soient plus efficaces et moins coûteuses pour les producteurs ; nous avons récemment lancé une nouvelle plateforme en libre-service appelée VIDA, où les utilisateurs peuvent facilement trouver et télécharger des vidéos de la vaste collection d’archives de la BBC. Il s’agit là d’une avancée majeure, transformant ce qui était auparavant un process long et manuel en une expérience numérique fluide et très efficace. le pourcentage est plus élevé chez les Français de la génération X (44 %) et des Baby-Boomers (46 %) à se  sentir submergés par toutes les technologies disponibles… IN. : quels sont les publics les plus angoissés dans votre étude? Question d’âge? R.S. : notre enquête VisualGPS montre que la plupart des répondants français ressentent de l’anxiété face aux avancées technologiques et à l’avenir, quel que soit leur âge ou leur sexe. Cependant, un pourcentage plus élevé de Français de la génération X (44 %) et des Baby-Boomers (46 %) se sentent submergés par toutes les technologies disponibles, par rapport à seulement 30 % des Français de la génération Z et des Millennials. Malgré ces préoccupations, les Français sont ouverts à l’IA, avec 58 % de tous les répondants déclarant que la technologie de l’IA peut aider à résoudre des problèmes importants. le récit visuel authentique est une voie cruciale pour que les marketeurs et les marques établissent la confiance avec les consommateurs français. La clé pour les marques est d’adopter une approche intentionnelle quant à la raison, au moment et au lieu où le contenu généré par l’IA est utilisé. En exploitant des outils et des capacités d’IA commercialement sécurisés, les marketeurs peuvent produire des visuels innovants et uniques, garantissant un contenu créatif prêt à l’emploi et sans risque. Mais en même temps, les gens recherchent également un contenu authentique dans un environnement marqué par la manipulation d’images et les deepfakes. Par conséquent, le récit visuel authentique est une voie cruciale pour que les marketeurs et les marques établissent la confiance avec les consommateurs français. IN. : concrètement, comment iStock répond aux attaques de chatgpt? R.S. : c’est un moment passionnant pour le domaine de l’intelligence artificielle et nous croyons vraiment qu’elle a le pouvoir d’améliorer la créativité. Alors que l’IA générative existe depuis un certain temps, pour la première fois, l’année dernière le monde a vu plus d’images produites par l’IA que d’images prises avec un objectif de caméra. Nous avons toujours soutenu l’innovation technologique – avec de plus en plus de personnes se tournant vers l’IA pour libérer leur potentiel créatif. Nous encourageons le développement d’outils d’IA qui non seulement soutiennent la création de contenu en continu, mais respectent également les droits de propriété intellectuelle existants et la vie privée personnelle. Nous encourageons le développement d’outils d’IA qui non seulement soutiennent la création de contenu en continu, mais respectent également les droits de propriété intellectuelle existants et la vie privée personnelle. Chez Getty Images et iStock, nous travaillons avec plusieurs innovateurs de premier plan dans le domaine de l’IA pour soutenir le développement de modèles et de contenus génératifs créés de manière responsable. Nous avons collaboré avec NVIDIA pour former un modèle personnalisé exclusivement sur notre contenu créatif et nos données afin de créer des modèles et des résultats commercialement sûrs. Cela a abouti à la création de Generative AI by Getty Images, notre outil d’IA pour les entreprises que nous avons lancé en septembre dernier, et Generative AI by iStock, lancé en janvier, qui offre aux PME et aux créatifs la puissance de l’IA à un prix abordable avec une indemnisation légale complète. Cependant, tous les outils d’IA ne sont pas systématiquement sûrs pour être utilisés à des fins commerciales – ni ne protègent tous les utilisateurs avec une indemnisation légale.

By |2024-04-20T22:34:27+00:00April 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

« Un combat au bord du précipice » : le Slip Français obligé de casser ses prix pour se relancer

A l'entrée des Galeries Lafayette Homme du boulevard Haussmann à Paris, trois immenses banderoles tricolores attrapent le regard des clients. Devant, des mannequins mettent à l'honneur la nouvelle gamme du Slip Français, au prix de 25 euros l'unité, soit un prix divisé presque par deux. Une opération audacieuse mais contrainte. L'entreprise doit booster ses ventes si elle veut éviter de tomber dans le rouge. Son patron, Guillaume Gibault, 38 ans, ne cache pas la gravité de la situation : « Ça passe ou ça casse. » Les confessions d'un entrepreneur sont rares et celles-ci semblent venir du coeur. Il explique que tous ses slips vendus à 40 euros, ça ne marche pas. « On doit réussir à embarquer un public plus large pour retrouver des volumes et relancer l'entreprise. » D'où cette campagne publicitaire dans 21 Galeries Lafayette -et surtout en ligne- lancée début avril pour promouvoir une nouvelle gamme de slips à prix cassés (et qui le resteront). Il jure avoir maintenu la qualité et surtout le made in France qui a fait sa renommée. Pour préserver ses marges, tout se joue sur les volumes et la baisse des coûts de revient. « Pour cette opération, nous avons passé une commande de 400.000 pièces à nos fournisseurs. Jusqu'à présent, nos commandes étaient entre 5 à 10.000 slips. », explique le fondateur. La survie en question de l'emblème du made in France Lancé en 2011, le Slip Français est vite devenu un symbole du renouveau du textile tricolore. Bercy ne rate d'ailleurs pas une occasion de mettre en valeur cette réussite industrielle. Avec ses 20 millions d'euros de chiffres d'affaires réalisés en 2023, l'entreprise est la plus grande marque d'habillement made in France. Seulement voilà, depuis 2021 elle atteint tout juste la rentabilité et perd 10 % de son chiffre d'affaires chaque année depuis cette date. En 2023, le chantre du made in France est toujours dans le vert mais avec un maigre bénéfice (Ebitda) d'environ 300.000 euros. Assiste-t-on au crépuscule d'un emblème ? « L'entreprise ne mettra pas la clé sous la porte demain matin, veut rassurer Guillaume Gibault. Mais si on fait encore deux années comme ça, au bout d'un moment, moi, je ne suis pas magicien… » lâche-t-il, pudique. Pour l'heure, il constate la désillusion du « monde d'après » pandémie et de son supposée envie de consommation propre et locale. « En réalité, le monde est retourné à ses vieilles habitudes », déplore-t-il. Guillaume Gibault, fondateur du Slip Français, lors des Universités d'été de l'économie de demain organisées à Paris, en septembre 2019.Simon Lambert/Haytham-rea De mémoire de journaliste, il est rare qu'un entrepreneur alerte sur la situation de son entreprise. Surtout quand celle-ci n'est pas (encore) dans le rouge. Le risque est grand de voir fuir clients et fournisseurs. Mais Guillaume Gibault a vu d'autres acteurs du made in France, souvent sous-traitants, sombrer dans l'indifférence. Fin 2023, c'est par exemple l'atelier Tekyn, qui assurait la coupe de 50 % des jeans de la marque française 1083 , qui a été placé en redressement puis en liquidation judiciaire. Pour 1083, les conséquences ont été immédiates : « Pendant des semaines, on n'a pas assez coupé, les livraisons ont été retardées et in fine, ça a été moins de chiffres d'affaires », confie son patron, Thomas Huriez. La dégradation semble générale. « Je parle actuellement à des tricoteurs français, tous me disent accuser une baisse de 20 à 30 % de leur carnet de commandes, alarme Guillaume Gibault. En fait, si on ne bouge pas, on va mourir à petit feu. » Shein et Temu, la mise à mort La chute de la production made in France ne date pas d'hier. Sur la région Hauts-de-France, historiquement forte sur le textile, l'emploi du secteur a perdu 40 % de ses effectifs entre 2008 et 2018, selon une étude de l'Insee publiée en 2022. Si bien que le textile made in France ne représente aujourd'hui plus que 3 % de la consommation française. « Aujourd'hui, la situation est assez catastrophique. Beaucoup d'ateliers textiles se sont créés avec le Covid mais là, tout le monde crève de faim. Tout baisse, tout s'écroule », confiait Martin Breuvart, patron de l'atelier Lemahieu (plus de 100 salariés) au journal La Voix du Nord, le 13 avril dernier. « J'ai des échos qui ne vont que dans ce sens : des usines de plus en plus aux abois », témoigne Julia Faure, co-présidente du Mouvement Impact France qui rassemble des entreprises qui s'inscrivent dans une démarche écologique et sociale. Il y a des raisons historiques à ce déclin : la grande distribution et ses produits à prix réduits et surtout l'arrivée des marques de fast fashion comme Zara (numéro 1 mondial de l'habillement) ou H&M et leurs vêtements à bas coûts. Dans les deux cas, les produits sont confectionnés en Asie (en particulier Vietnam, Pakistan ou Bangladesh). Mais ces dernières années, s'est ajoutée une concurrence encore plus féroce, celle de l'ultra-fast fashion avec des acteurs chinois qui proposent -uniquement en ligne- des prix cassés. En très peu de temps, les noms de Shein et Temu sont devenus connus de tous. LIRE AUSSI SUR LESECHOS.FR : Publicité : les plateformes occidentales carburent aux dépenses de Temu et Shein La descente aux enfers du prêt-à-porter français risque de se prolonger Parallèlement, la guerre en Ukraine, la crise de l'énergie et l'inflation française à plus de 10 % en cumulé sur les deux dernières années ont eu raison des élans de consommation patriotique. Le boom de la seconde main (Vinted et LeBonCoin au premier chef) a fini de porter un coup au secteur textile neuf, made in France et autres.

By |2024-04-20T22:33:09+00:00April 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Meta veut former les chômeurs, artisans ou fonctionnaires à l’IA

Ils s'appellent Hachim, Caroline ou Franck. Ils ont entre une vingtaine d'années et une bonne soixantaine. Ils sont étudiants, en recherche d'emploi, artisans, fonctionnaires territoriaux ou encore enseignants et posent beaucoup de questions sur les apports et surtout « bêtises » de ChatGPT. Rien ne les rassemble si ce n'est un intérêt curieux - ou professionnel - pour l'IA générative. Hachim, Caroline ou Franck font partie de la première cohorte d'un peu plus d'une centaine d'élèves des ateliers d'initiation à l'IA générative organisés par Meta et Simplon.co, et lancés à Marseille. C'est ici à côté de la Joliette, à quelques encablures de la Méditerranée que le géant américain a inauguré sa première formation, qui va ensuite se décliner dans sept grandes villes et une plate-forme d'e-learning. Un coût par demi-journée de 15.000 euros L'objectif : former 30.000 personnes - sans aucun prérequis d'ici la fin de l'année. Cette sensibilisation, gratuite, est intégralement prise en charge par Meta - qui ne précise pas le coût global. Ce que l'on sait est qu'une demi-journée en présentiel coûte environ 15.000 euros. La formation est axée sur les bases de l'IA et se veut sans parti pris : sont ainsi présentés les outils d'OpenAI comme le célébrissime ChatGPT mais aussi Gemini (Google), Midjourney, ou encore Perplexity AI. Même si le modèle de Meta (Llama 2) est cité, le groupe de Menlo Park n'a pas de visée commerciale directe. « Il est de la responsabilité des grandes entreprises de la tech de mettre à disposition leur connaissance, indique Laurent Solly, vice-président Europe du Sud chez Meta. L'IA passionne ». Mais, de fait, si le grand public est acculturé, il pourra utiliser plus facilement ses outils, tel un assistant personnel (pour trouver des idées de sorties, organiser un voyage etc.), dévoilé à l'automne dernier, accessible pour l'instant que dans certains pays. Limites des modèles d'IA L'atelier se veut avant tout pratico-pratique : comment créer un (bon) prompt ? Comment produire une image ? A quoi peuvent servir concrètement des outils d'IA ? « On parle beaucoup d'IA, mais je ne sais pas forcément ce qu'est, explique Franck, 62 ans fonctionnaire, qui se dit « inquiet » du futur avec des robots. « Je suis venue pour voir ce qu'on peut faire concrètement », ajoute Léna. « L'IA fait peur en particulier en France : il y a cette idée que l'IA va remplacer les humains. La réalité est tout autre. C'est une source de création de richesse », abonde Véronique Saubot, directrice générale de Simplon.co.

By |2024-04-20T22:31:25+00:00April 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments