Face au péril représenté par les géants américains du numérique, plusieurs grands noms du transport français ont décidé de mettre de côté leurs rivalités pour travailler à une mise en commun de leurs données. Selon nos informations, la SNCF, la RATP, Transdev (le groupe de transport public contrôlé par la Caisse des dépôts) et BlaBlacar ont signé juste avant l’été un protocole d’accord portant sur la création d’un « data warehouse », littéralement un « entrepôt de données » qui centraliserait les informations des quatre opérateurs sur leur activité, et notamment les horaires théoriques mais aussi en temps réel. Une étude de faisabilité sur le plan technique a été lancée dans la plus grande discrétion. Les résultats devraient être connus cet automne.

Une fois créé, ce data warehouse constituerait la plus large base de données existant à ce jour sur l’offre de transport terrestre en France, mêlant déplacements longue distance et transport urbain, en train, bus, métro ou covoiturage. Chacun des quatre acteurs serait alors libre d’en proposer sa propre exploitation, en montant par exemple un comparateur ou une offre de trajet « sans couture » mêlant différents modes de transport

Obligation légale

Les quatre acteurs ont choisi cette démarche de « coopétition » (coopération dans la création du socle de données commun, compétition pour en tirer le meilleur) afin d’assurer l’ouverture de leurs données transport dans des conditions qui ne constituent pas une aubaine pour Google et consorts.

Le sujet est crucial pour le secteur. En théorie, la loi Macron impose depuis août 2015 aux entreprises assurant un service public de transport la diffusion dans un « format ouvert » de leurs données. Une obligation réitérée depuis par la loi Lemaire. Cette politique d’open data vise à favoriser l’innovation et la création de nouveaux services.

Intérêts préservés

Mais les entreprises alertent de longue date sur le fait qu’une mise à disposition non maîtrisée et gratuite profiterait surtout aux Google, Apple, Facebook et Amazon. Déjà en position dominante, les Gafa disposent de la force de frappe financière et technique pour capter à leur profit les richesses représentées par les flux de données, et désintermédier à terme les opérateurs. Signe des hésitations des pouvoirs publics, le décret d’application de la disposition contenue dans la loi Macron n’a toujours pas été publié.

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