A croire Gary Shapiro, une pluie de « ninjas » va s’abattre cette semaine sur Las Vegas, une ville qui avait pourtant déjà fort à filer en termes de métaphores avec sa fausse pyramide de Louxor, sa Tour Eiffel en carton-pâte et son imitation de l’Empire State Building. « Ninja », voici en effet le qualificatif que le prêtre de la grand-messe technologique qu’est le CES utilise pour désigner les entrepreneurs, disrupteurs et innovateurs en tous genres.

Mais ninja, il l’est lui aussi. Gary Shapiro s’immisce depuis plusieurs années dans les couloirs de Washington, où il est considéré comme l’un des lobbyistes les plus influents sur les questions de technologies. Il y susurre notamment à l’oreille des dirigeants que le droit à la liberté d’expression en ligne est primordial, et l’immigration des talents vitale. Car notre homme croit aux mercenaires étrangers qui composent, selon ses calculs, la moitié des troupes des startuppeurs à succès américains.

Mais, comme les ninjas devaient se méfier des samouraïs, qui jugeaient leurs méthodes non-conventionnelles déshonorantes, c’est des régulateurs que Shapiro se garde avant tout. Lors d’un récent passage à Paris, il a d’ailleurs vivement condamné notre RGPD, assurant que l’Europe allait « perdre du terrain sur la Chine et les Etats-Unis », à trop vouloir protéger la vie privée de ses citoyens.

Libéral en tout point, au sens américain du terme, notre Monsieur Tech se positionne en outre en défenseur de l’environnement. Discret comme un soldat japonais, il omet cependant de préciser que le numérique émet aujourd’hui plus de CO2 que l’aviation civile… que le CES soutient également largement : plus de 180.000 personnes issues de 155 pays y sont attendues.

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