Alexandre Bompard est de ces joueurs qui énervent. Le genre à vous balancer un smash le sourire aux lèvres et à vous faire mordre la terre battue, l’air de rien, via une amortie rétro. Fan de Roger Federer, la mèche tout aussi folle, il partage avec lui la sérénité des champions, de ceux qui font oublier leur ambition par un « self control » absolu. Il y a exactement un an, le PDG de Carrefour annonçait des suppressions d’emplois en pagaille et des cessions de magasins dans le cadre de son plan « Carrefour 2022 ». Depuis, il déroule. Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme Pentium 12, un processeur d’ordinateur qui incarne sa rapidité d’esprit. 

Difficile de trouver une faille dans ce parcours hors-normes – c’est son autre côté énervant. Sa plus grande défaite, il la doit à Rémy Pfimlin qui lui a ravi la direction de France Télévisions en 2010. Pour le reste, c’est presque un grand chelem. Sorti quatrième de l’ENA, l’enfant de Megève a servi François Fillon au ministère du Travail avant de rejoindre le privé : ce sera la direction des sports à Canal +, Europe 1, la Fnac puis Carrefour. Son ascension météorique en rappelle une autre. Même génération, même charme, même rythme de sommeil -jamais plus de quatre heures par nuit : « Il est l’équivalent dans le business de ce qu’est Emmanuel Macron en politique », jugeait Alain Minc il y a 18 mois. Flatteuse à l’époque, la comparaison n’est plus forcément un cadeau aujourd’hui. Car si les gilets jaunes ont coûté 10 milliards d’euros à Emmanuel Macron, Alexandre Bompard aimerait bien payer le minimum chez Carrefour… et même dans l’idéal, ne pas passer à la caisse du tout !

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