Danone a vu son chiffre d’affaires  augmenter de 2,6 % à 25,3 milliards d’euros, en 2019. Si ce chiffre se situe dans la partie basse de la fourchette des prévisions du groupe alimentaire français, cela n’empêche pas le géant des produits laitiers d’investir dans l’avenir. 

Danone entend mettre en place un plan lié aux bouleversements climatiques. Dans un entretien accordé aux «Echos», son PDG Emmanuel Faber en dit plus.

Où en est Danone de son engagement sur le front de l’environnement et du climat ? 
Le sujet n’est pas nouveau pour le groupe. Nos émissions totales de carbone, de l’agriculture jusqu’à la fin de cycle des produits, ont atteint en 2019 un pic à 27 millions de tonnes avec un an d’avance sur les objectifs que nous nous étions fixés. A partir de maintenant, nos émissions vont diminuer. Mais nous allons encore accélérer nos actions en faveur du climat avec un plan d’investissement de 2 milliards d’euros sur trois ans. Ces 2 milliards d’euros iront pour moitié à l’agriculture régénératrice et à la digitalisation de nos processus de transformation. Et pour l’autre moitié dans un emballage complètement recyclable ou biodégradable. Par ailleurs, le coût du carbone sera intégré à nos résultats.

C’est-à-dire ? 
Nous sommes déjà l’une des six entreprises à avoir obtenu le triple « A » du programme carbone de l’organisation « CDP Climate Change », mais nous voulons aller plus loin en impulsant un mouvement en présentant un résultat net par action ajusté de la charge carbone que nous avons valorisée à 35 euros la tonne (qui correspond à notre référentiel avec CDP). Un chiffre volontairement élevé par mesure de prudence. Plus nous serons performants dans la lutte contre les émissions de carbone, moins notre résultat post-carbone en sera affecté. C’est une première mondiale. Nous voulons ancrer ce sujet dans nos discussions avec les agences de notation et les plus gros investisseurs mondiaux. En incluant le coût du carbone dans nos résultats, nous engageons les discussions. Il n’y a pas actuellement de référentiel et je pense qu’il faudra plusieurs années pour qu’il existe. Mais nous n’avons pas le temps d’attendre.

Quelles sont vos ambitions en matière d’emballage ? 
La première est que dès 2025 en Europe, toutes nos bouteilles d’eau soient en plastique recyclé. Dès 2020, ce sera le cas pour Volvic et  Evian en France, en Allemagne et au Royaume-Uni sur la plupart de nos formats. Nous allons aussi diversifier nos emballages et introduire le métal pour proposer de l’eau plate ou gazeuse en canettes. Dans le yaourt nous sortirons, d’ici à 2024 en Europe et 2025 dans le monde, du polystyrène, qui n’est pas recyclable au profit du RPET (PET recyclé), du verre, du papier et du PET biosourcé. Dès 2021, les produits Alpro seront d’ailleurs conditionnés ainsi. Les filières de matériaux bio sourcés n’existent pas en Europe. Nous militons pour qu’il s’en crée.

Tout cela aura un coût ? 
Le plastique recyclé vaut 30 % plus cher que le plastique vierge. Tout le monde en cherche. Or la matière est rare. Nous avons dû sécuriser des volumes de PET recyclé et, combiné aux autres éléments de notre plan, cela devrait avoir sur les trois prochaines années un impact de 200 millions d’euros par an sur nos marges.

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