La pédagogie, c’est de la transmission de l’humanité entre deux humains. L’apprenant est un être de chair et d’os qui acquiert des compétences techniques et qui a aussi à développer celles qui lui sont propres, les compétences comportementales et relationnelles. Enseigner c’est donc faire acquérir des connaissances et des savoirs aux apprenants, mais c’est aussi les préparer à demain. Parmi tous les éléments qui composent ce projet, quatre résonnent spécifiquement, ce sont l’émotion, l’engagement, l’émancipation et l’éthique. 

L’émotion

On sait aujourd’hui que l’affectif et l’empathie favorisent l’implication et la réussite. Il faut donc écouter les émotions et leurs expressions. Mais il ne faut pas s’y arrêter systématiquement. Il convient aussi de laisser parler la raison et chercher à comprendre ce que les émotions nous disent et à quoi elles nous renvoient.
Dans le domaine de la pédagogie et de l’apprentissage des savoirs, cela se traduit par un certain nombre de règles :
Envisager l’être humain dans sa globalité en intégrant de multiples facteurs (biologiques, cognitifs, psychologiques…).
Considérer que les émotions aident à penser et constituent un levier dans l’apprentissage. L’enseignant et l’apprenant vont nouer une relation pédagogique profonde et complexe.
Ne pas oublier que l’apprentissage des savoirs passe aussi par le doute, la remise en cause de ses certitudes et idées reçues, l’échec et nécessite de prendre le temps de son acquisition…
Sortir des schémas classiques essentiellement basés sur des mesures quantitatives de l’intelligence (type QI) pour s’ouvrir à une pluralité de compétences et d’évaluation de celles-ci.
Rationaliser les méthodes et les connaissances sans négliger le devenir de l’apprenant, en respectant sa liberté et ses possibles (probables) résistances.
 
L’engagement

Pour s’engager, il convient d’avoir des envies d’agir et des raisons d’agir. En ce sens, l’engagement présuppose une volonté (s’engager) et une liberté (faire le choix de s’engager). C’est une affirmation de soi en tant qu’être humain libre et actif. Dans le domaine pédagogique, l’engagement devra chercher à promouvoir cet être humain. Il doit être présent  autant chez l’apprenant que chez  le maître d’apprentissage.
On imagine mal que l’apprenant puisse progresser et apprendre sans une certaine motivation et sans un minimum d’engagement, envisagé ici comme un investissement personnel et des efforts qu’il va y consacrer. L’apprentissage sera donc d’autant plus efficace qu’il stimulera la curiosité et cette appétence à l’exploration qu’ont les apprenants. Pour cela, il convient de faciliter son engagement actif en jouant sur sa curiosité et son envie naturelle d’apprendre. Pour autant, il ne s’agit pas de laisser les apprenants livrer à eux‐mêmes. Les apprenants ont besoin d’un maître d’apprentissage pour les guider et les éveiller au savoir.
En bon « militant pédagogique », le maître d’apprentissage impulse, suscite, encourage, accompagne, écoute et analyse pour parvenir à son objectif. Cette dynamique implique un véritable engagement de l’enseignant. 

L’émancipation

C’est un peu l’objectif masqué de l’éducation : transmettre un savoir duquel on sait que l’apprenant va chercher à s’émanciper ou, tout au moins, à le remettre en question d’une façon ou d’une autre. Il s’agit aussi de lui ouvrir de nouveaux horizons afin qu’il s’affranchisse des pseudo-vérités et des faux-semblants.
Cette posture émancipatrice que nous défendons passe par une pluralité de moyens :
Le savoir et la connaissance. On ne peut pas se libérer des déterminismes sans en avoir une idée précise et un minimum de connaissances. Savoir et connaissances permettent également de s’émanciper des préjugés et des superstitions. 
L’esprit critique. Ces connaissances acquises ne sont rien sans la possibilité de les discuter, de les remettre en question. Sans cette capacité à critiquer ce que l’on a appris, les connaissances enferment les apprenants dans de fausses évidences ou des certitudes sclérosantes. 
Le partage. L’émancipation nécessite une culture commune (maîtrise d’outils, de raisonnement) qui s’acquiert dans l’autogestion du groupe. Elle passe également par un travail d’équipe, en « co-llaboration » et en « co-création » permanente. Par elle, les apprenants se libèrent de leurs éventuels « complexes » et découvrent la puissance fertile de la synergie des intelligences. 

L’éthique

La posture éthique des enseignants doit s’appuyer sur trois piliers attachés à la notion d’attention :

– Prêter attention à la justice. Cela se traduit par la reconnaissance des mérites et des droits de chacun. Reconnaître que les apprenants sont des sujets qui apprennent différemment les uns des autres et avec des déterminismes divers.

– Porter son attention sur l’autre, c’est-à-dire prendre soin des apprenants. Il s’agit de comprendre et d’appréhender la vulnérabilité effective des apprenants.

– Faire attention au lien. Cela se traduit, pour l’enseignant, par des questions simples, comme : A qui je parle ? Comment je dis les choses ? 

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