Ces deux dernières ont ainsi annoncé, le 17 août, leur décision « d’engager des discussions afin de conclure un accord de coopération commerciale » sur leurs routes entre la Métropole et l’île de la Réunion. Ce projet doit permettre à la compagnie réunionnaise, comme à sa concurrente basée à Rungis (près d’Orly) de proposer à leurs clients un programme de vols renforcé par le biais du partage de code, un accès aux deux aéroports parisiens, une offre tarifaire plus compétitive… L’occasion aussi de mettre en œuvre des synergies sur le plan opérationnel, et d’améliorer leur rentabilité économique. La constitution d’une « joint venture » laisse également à penser que l’option du partage des coûts et recettes des lignes commercialisées en code-share serait sur la table.

Grâce au fort ancrage régional d’Air Austral, et à l’implantation historique de Corsair dans les territoires ultramarins, ce projet doit aussi contribuer à renforcer la connectivité. Le projet concernerait ainsi les DOM, mais aussi les autres destinations desservies par les deux compagnies – dont Montréal (relance prévue en 2022) et Abidjan pour Corsair – et leurs destinations internationales de l’Océan Indien (Maurice, Madagascar, Seychelles, Comores).

Les deux transporteurs précisent que ce rapprochement préserve leur identité et indépendance. Et qu’il n’est pas question de fusion. Avant sa mise en œuvre, il doit être soumis à l’avis des Instances Représentatives du Personnel, ainsi qu’à l’Autorité de la concurrence française. Mais ce projet inquiète déjà à la Réunion. Huguette Bello, présidente de la Région, a ainsi adressé une lettre au président de la République Emmanuel Macron, datée du 12 août, dans laquelle elle manifeste sa crainte qu’Air Austral soit absorbée dans une entité contrôlée par le « puissant lobby antillais« , perdant ainsi son rôle majeur de désenclavement de l’île de l’Océan indien.

«Il apparaît aujourd’hui que les services de l’État (…) conditionnent la mobilisation des aides à une restructuration capitalistique d’Air Austral, qui se traduirait sous la forme d’une holding avec la compagnie Corsair. Il apparaît ainsi que les difficultés conjoncturelles auxquelles la compagnie Air Austral est confrontée (…) sont exploitées pour la contraindre à un mariage avec Corsair (…). Une telle approche est inacceptable et signerait la disparition d’Air Austral, sous sa forme de compagnie aérienne réunionnaise » indique Huguette Bello, dans ce courrier dont des extraits ont été publiés ce 23 août par Imaz Press Réunion.

Corsair a été refinancé par l’État et le groupe TUI (devenu simple actionnaire minoritaire) en janvier dernier. La restructuration de l’actionnariat s’est faite avec l’appui d’un consortium d’investisseurs des DOM publics et privés. Sur les 9 membres du Conseil d’administration de la compagnie aérienne aujourd’hui, quatre sont des acteurs économiques antillais, dont Patrick Vial-Collet (président « des hôtels et des Îles » et de la CCI de la Guadeloupe) et Eric Koury (fondateur d’Air Caraïbes et patron d’Air Antilles et Air Guyane).

Air Austral apparait structurellement plus fragile. Mais elle est dans le même temps adossé aux structures publiques de l’île. Outre un PGE, elle a ainsi obtenu un prêt de son actionnaire de référence, la SEMATRA, société d’économie mixte détentrice de 86,97% de son capital, elle-même contrôlée à 85% par la Région et le département.

La persistance de la crise va-t-elle se traduire par une consolidation du pavillon aérien français ? La dernière tentative de fusion capitalistique entre deux importantes compagnies aériennes hexagonales remonte à 2015. Air Caraïbes et Corsair avaient noué un accord de joint venture en 2012. Trois ans plus tard, lors d’une conférence de presse était annoncé officiellement le rachat de la seconde par la première. Un mois après cette annonce, le rapprochement débouchait sur un constat d’échec…

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