Pour autant, les fonds dits de « cryptos » pèsent encore très peu à l’échelle des 100.000 milliards de dollars d’encours de la gestion d’actifs mondiale (à fin 2020). Et la majorité des grandes maisons hésitent encore, ou refusent, de s’aventurer dans des actifs qu’elles jugent trop spéculatifs ou peu sûrs. Elles ont laissé les boutiques indépendantes et les fintechs essuyer les plâtres.

Le plus grand véhicule d’investissement dans le bitcoin est un fonds classique de 30 milliards de dollars d’actifs. Son promoteur, l’américain Grayscale , souhaite le convertir en format ETF pour le rendre plus compétitif, alors que la plupart de ses concurrents optent désormais pour ce type de support low-cost, en forte croissance .

75 nouveaux ETF et ETP liés aux cryptos ont été lancés au cours de la seule année 2021, selon TrackInsight. Fin 2020, seuls 18 véhicules d’investissement existaient, tous cotés en Europe, où la Bourse suédoise a été pionnière, suivie de la Suisse et de l’Allemagne. Ces places ont ouvert leurs portes à CoinShares (coté sur le Nasdaq suédois), à la fintech suisse 21Shares ou au gérant indépendant américain VanEck. Plusieurs ont pris pied sur Euronext Paris l’an dernier.

Risque d’amalgame
L’Asie (avec 2 ETF australiens) et surtout l’Amérique du Nord se sont également ouvertes en 2021. TrackInsight a recensé 40 produits cotés outre-Atlantique, principalement au Canada, et la région a attiré 80 % des flux mondiaux annuels. Avec un bémol: « aux Etats-Unis, les seuls supports disponibles sont investis indirectement en cryptomonnaie, via des actions d’entreprises fortement impliquées dans cet univers [ mineurs , plateformes d’échange…, NDLR] », relève Thomas Paratore. Face aux réticences de la SEC, le géant américain Fidelity a récemment décidé de coter son premier ETF bitcoin au Canada et son compatriote Invesco a choisi la Bourse de Francfort.

Derrière leurs appellations renvoyant au « bitcoin », à « ethereum » ou aux « cryptocurrencies », de nombreuses stratégies offrent seulement une exposition indirecte aux cryptomonnaies, et leur valeur est plus ou moins corrélée à celle des devises numériques. Quant aux fonds dédiés aux cryptos elles-mêmes, ils peuvent y investir directement en achetant du bitcoin ou une autre devise (réplication physique), ou indirectement en copiant la valeur de ces monnaies via des produits dérivés (réplication synthétique).

Trois agréments en France

En France, seules trois sociétés de gestion (dont Napoleon AM et Tobam) prévoient l’utilisation de cryptomonnaies dans leur programme d’activité, validé par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Plusieurs autres demandes sont en cours, selon nos informations. C’est encore très peu sachant que la Place de Paris compte plus de 650 sociétés de gestion et que la loi Pacte a rendu les cryptos éligibles à certains fonds de placement dès 2019.

Cette année-là, Napoleon AM (racheté en décembre par CoinShares) a lancé le premier fonds dérivé du bitcoin agréé par l’AMF. Tout récemment, Melanion Capital a créé un fonds d’actions de l’univers crypto et Tobam en a lancé un composé à 90 % d’actions (MicroStrategy, Galaxy Digital…) et à 10 % maximum d’un fonds maison investi directement dans le bitcoin, créé en 2017 et non-régulé.

« Nous discutons avec beaucoup d’assureurs pour faire référencer notre fonds dans leurs contrats d’assurance-vie. Certains sont très conservateurs mais nous avons bon espoir », explique Yves Choueifaty. Pour le moment, Tobam a collecté quelques millions d’euros auprès de particuliers fortunés avec son dernier placement.

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