Ne plus vendre un véhicule, mais l’usage d’un véhicule et les services associés : Renault espère bien faire de cette recette, qui séduit un nombre croissant de constructeurs, l’un des leviers de la croissance future. Le groupe au losange a présenté ce mardi le plan de marche de Mobilize, l’entité créée il y a un an et demi pour « renverser l’équation classique de l’industrie automobile ».
Adossée à la captive du groupe, RCI Bank and services , qui va être rebaptisée Mobilize Financial services, la nouvelle société va commercialiser des « solutions de mobilité » pour différents publics. Les particuliers tout d’abord, avec des offres de leasing classique (qui attirent déjà un nombre croissant de clients) ou d’abonnement sur des durées plus courtes, à partir de trois mois. Elle proposera également des formules tout compris pour des opérateurs de mobilité (VTC, taxis, société d’autopartage…) ainsi que pour la logistique urbaine.

Vendre le plus de services possible
L’objectif est de vendre à chaque fois l’utilisation du véhicule pour une durée variable, et un bouquet comprenant le plus de services possible : financement, entretien ou encore assurance, avec un tarif modulé en fonction de la conduite du conducteur, grâce aux données fournies par les voitures connectées. Cette logique peut ensuite être prolongée sur le marché de l’occasion, une fois la voiture « reconditionnée » par Renault.

Selon Clotilde Delbos, qui a quitté la direction financière du groupe pour prendre la tête de Mobilize, ce modèle peut tripler le chiffre d’affaires généré par une voiture sur l’ensemble de sa durée de vie. Et surtout générer des marges à deux chiffres sur chacune des activités. Dans un premier temps, les activités hors Mobilize Financial Services, qui sont encore en phase d’investissement et ne génèrent aujourd’hui qu’une cinquante de millions de chiffre d’affaires, doivent être à l’équilibre en 2025.
A l’horizon 2030, Clotilde Delbos vise un volume de 8 millions de services financiers et d’assurance commercialisés (contre 4,7 millions en 2021 l’an dernier, via RCI Bank). A cette échéance, la flotte en location opérationnelle doit atteindre un million d’unités (contre 350.000 aujourd’hui), auxquels s’ajouteraient de 150.000 à 200.000 véhicules utilisés par les opérateurs de mobilité. Des revenus qui auront l’avantage d’être stables, affranchis des cycles qui caractérisent le marché automobile.

Un virage compliqué à prendre
Avec ce plan stratégique, Renault va sans doute doper l’efficacité de sa captive, qui représente déjà l’une des principales sources de revenus du groupe. Les abonnements pour la recharge des véhicules électriques, les offres d’assurance (qui concurrenceront celles des compagnies classiques) et de paiement (une carte Mobilize est annoncée en collaboration avec Visa) viendront augmenter le panier de services que la société vend en complément de ses offres de LOA ou de crédit.

Il sera sans doute plus difficile de rentabiliser l’offre destinée aux opérateurs de mobilité. De nombreux constructeurs cherchent à se développer sur ce créneau des services. Certains avec de gros moyens dont ne dispose pas Renault : Volkswagen a mis 2,5 milliards d’euros sur la table pour racheter Europcar , et Stellantis a séduit Waymo pour un partenariat prometteur dans la livraison urbaine avec des véhicules autonomes.
Et il s’agit d’un virage compliqué à prendre, comme l’ont montré les désillusions de l’attelage BMW-Mercedes, qui vient de céder ses activités dans l’autopartage après des années de pertes.

Mobilize va certes emprunter une voie moins risquée. Ses offres ne sont pas destinées au client final, mais à ceux qui le transportent : les compagnies de taxis, les plateformes VTC ou les chauffeurs eux-mêmes. Le groupe fait le pari que ce créneau sera durablement porteur, du fait des contraintes grandissantes imposées aux voitures individuelles dans les centres urbains. L’histoire récente montre toutefois que la rentabilité est loin d’être acquise, dans l’autopartage comme dans les VTC, ce qui peut finir par décourager les candidats.

Engins spécialisés
Mobilize compte les aider avec des véhicules conçus spécialement pour un usage intensif et partagé. Pour les services d’autopartage, par exemple, le groupe a dans ses cartons un véhicule de deux places 100 % électrique (baptisé Duo), résistant, facile à entretenir et à nettoyer, avec un encombrement minimal sur la chaussée, et un coût total d’exploitation annoncé comme inférieur de 35 % à celui d’un véhicule classique.

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