Les coopératives ont le vent en poupe. Dans un récent sondage, 79% des salariés interrogés déclarent vouloir un jour y travailler, deux fois plus qu’en 2020. Une notoriété qui s’explique par leur capacité à proposer une gouvernance partagée et une juste répartition des bénéfices. De quoi inspirer les entreprises plus traditionnelles ?

L’essor des coopératives résonne avec le succès des conventions citoyennes et professionnelles pour le climat. Dans les deux cas, la même soif d’horizontalité et de démocratie dans un monde trop souvent contraint par la verticalité du pouvoir. Pourtant les Scop (des groupements de salariés) et les Scic (des groupements de salariés, de collectivités, de bénéficiaires, etc.) reviennent de loin. La première est née en 1978, la seconde en 2001, une époque où de telles structures étaient considérées comme des ovnis juridiques peu performants et inadaptés au monde marchand. Aujourd’hui, les SA, SAS et SARL, fondées sur le capital et la hiérarchie, perdent peu à peu de leur omnipotence. Preuve en est avec le sondage d’Opinion Way pour la CG Scop de février dernier qui nous apprend que 80% des salariés envisagent la performance d’une entreprise en fonction de la prise en compte d’aspects humains et environnementaux. L’enjeu semble donc de faire de l’entreprise un bien commun où la performance économique n’est plus qu’un indicateur parmi d’autres.

70 000 SALARIÉS EN COOPÉRATIVE
Cette appétence pour un environnement de travail plus humain se retrouve dans les chiffres fleurissants des coopératives. En 2020, on dénombrait dans l’hexagone 2500 Scop et plus de 1000 Scic, avec au total 70 000 emplois et un chiffre d’affaires qui s’élevait à près de 6 milliards d’euros. Une croissance constante qui a permis à certaines coopératives de grossir de façon assez considérable, notamment dans le secteur des industries et des services télécoms. Acome par exemple, premier groupe industriel coopératif de France, spécialisé dans le câblage haute gamme depuis 1932. L’entreprise compte 1900 salariés et réalise la moitié de son chiffre d’affaires à l’international, pour un total de 534 millions d’euros. Ou bien Groupe Up, une entreprise créée en 1964 et spécialisée dans le titre de paiement pour salariés. La coopérative compte 1500 salariés en France et près de 4000 à l’étranger, pour un chiffre d’affaires total de 587 millions d’euros. Autre exemple, le groupe de télécommunications et de fibre optique Scopelec avec ses 3900 salariés et un chiffre d’affaires de 475 millions d’euros en 2021 – cependant fragilisé par un litige avec Orange, son principal client. On peut aussi citer Enercoop dans l’énergie renouvelable et Habitats Solidaires. Des coopératives françaises issues de tous les milieux qui ont su grossir, voire s’internationaliser, à l’image des entreprises plus classiques.

DES « ENTREPRISES À MISSION » AVANT-GARDISTES
La loi Pacte a introduit en 2019 la notion d’entreprise à mission, des sociétés dont l’objet social intègre des considérations sociales et environnementales. Une législation qui intervient quarante ans après la création du statut moderne de la Scop, en 1978. Un écart temporel considérable qui souligne la modernité du modèle coopératif sur le plan démocratique et éthique. Aujourd’hui, alors que la dérive climatique s’accélère et que le capitalisme financiarisé se poursuit, l’entreprise coopérative peut jouer un rôle pivot dans la transition des entreprises. Si les groupes du CAC 40 passaient sous le sceau de la coopérative, la financiarisation de l’économie par le reversement des bénéfices aux actionnaires deviendrait impossible. La logique court-termiste devrait céder la place à une dynamique de long terme imposée par le système de « part entreprise », lequel engage l’entreprise à thésauriser une partie de ses bénéfices pour des investissements futurs. Cela dit, le modèle coopératif n’est pas parfait. Il est tout à fait possible d’avoir une activité économique climaticide si la majorité des membres d’une coopérative y concèdent. Autre question, celle de la variabilité du modèle coopératif selon le pays et la taille de la structure. En Nouvelle-Zélande, l’immense coopérative laitière Fonterra a été chahutée par des polémiques de lait contaminé dans sa filiale chinoise. La preuve qu’aucun modèle n’est étanche au scandale lorsque l’ambition d’industrialisation dépasse les frontières de la soutenabilité.

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