Le mercure a frisé les 45 °C début septembre en Californie, mais le réseau électrique a résisté, sans vastes coupures de courant contrairement à 2020. Une performance due en partie à l’installation exponentielle de batteries géantes, capables de stocker l’énergie solaire.

Dans son centre de Long Beach, occupé par des rangées de milliers de batteries ressemblant à une ferme de serveurs informatiques, Weikko Wirta a vu son installation de 400 mégawatts, l’une des plus importantes de l’État, tourner à plein régime pendant la canicule. Grâce à elles, l’entreprise a pu stocker l’énergie solaire produite en journée et la redistribuer en soirée pour « combler le trou entre 16-17 heures et 22 heures », lorsque la chute de l’offre photovoltaïque au coucher du soleil et la demande record de climatisation risquaient de provoquer un effondrement du réseau électrique.

En août 2020, une vague de chaleur brutale touchant l’ensemble de l’Ouest américain avait forcé la Californie, pionnière des énergies renouvelables, à couper le courant à 800 000 foyers et entreprises sur certaines plages horaires pendant deux jours. Du jamais-vu depuis quasiment 20 ans.

Face au retour des températures extrêmes cette année, de telles coupures volontaires ont été évitées de justesse début septembre, notamment grâce à la course lancée pour remplir les objectifs climatiques de la Californie.

Le 5 septembre, au pic de la vague de chaleur, les batteries ont ainsi pu produire 3 300 mégawatts en soirée, selon le régulateur du réseau électrique California ISO. « C’est plus que la centrale nucléaire de Diablo Canyon, qui est la plus grosse centrale électrique de l’État et produit environ 2 200 mégawatts », analyse Mike Ferry, chercheur à l’université de San Diego.

« À peine perceptible » lors de la précédente canicule en 2020, cette technologie s’est imposée comme « une clé pour permettre à l’État d’éviter les coupures de courant », en fournissant la marge d’énergie manquante au réseau. Elle représente « le futur de ce à quoi va ressembler notre réseau électrique », insiste Mike Ferry.

La Californie reste encore très dépendante du gaz naturel, et a dû importer de l’électricité d’autres États américains pour supporter la dernière vague de chaleur. Les autorités ont aussi multiplié les alertes pour réduire la demande. Pour, le chercheur, l’autre enseignement de cette vague de chaleur reste la facilité avec laquelle les Californiens ont volontairement réduit leur usage d’électricité en soirée. Un constat d’autant plus intéressant que l’État développe actuellement des programmes pour rétribuer les consommateurs qui limitent leur consommation.
Plutôt que de chercher à équiper le réseau avec suffisamment de batteries pour gérer des pics de demande passagers, « payer les gens pour ne pas demander d’électricité pendant un petit nombre d’heures pourrait être une meilleure option dans de nombreux cas ».

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