Début janvier, Sam Bankman-Fried s’interrogeait sur Twitter : « Que faire dans un marché baissier ? » Il ne se doutait pas alors que dix mois plus tard, son empire en faillite contribuerait à la poursuite du plongeon du bitcoin (- 65 % cette année) et des cryptos. En deux jours, la capitalisation mondiale des cryptos a chuté de 240 milliards de dollars, soit plus de 10 fois la fortune du multimilliardaire, désormais ruiné.

Un des auditeurs qui avait validé les comptes douteux de FTX se targuait d’être le premier cabinet à avoir son siège dans le métavers sur Decentraland. Après avoir regardé dans les comptes de FTX, son nouveau dirigeant, John Ray, a déclaré qu’il n’avait jamais constaté « dans toute sa carrière un échec aussi complet des contrôles d’une entreprise et une absence aussi complète d’informations financières fiables ». Il avait pourtant été chargé par le passé de gérer la faillite d’un autre monstre, cette fois dans l’énergie, le groupe Enron.

L’impensable faillite de FTX a ravivé le spectre de la chute de la plateforme Mt. Gox en 2014 . Dans un secteur sans prêteur en dernier ressort ni banque centrale, le « too big to fail » (une institution tellement importante qu’elle ne peut pas faire faillite) n’existe pas : toute institution quelle qu’elle soit peut sombrer du jour au lendemain. Il y a six mois, tous les fonds, plateformes (Celsius) et firmes de trading en difficulté voyaient en Sam Bankman-Fried le sauveur de dernier recours pour éviter la faillite . Il était devenu le banquier central privé des cryptos.

« Beaucoup d’acteurs évoluent dans un cadre peu régulé et une zone grise. La pression concurrentielle et le manque de clarté juridique les conduisent à des pratiques qui seraient interdites sur les marchés traditionnels, même si cela tendait à se réduire », explique Guilhem Chaumont, cofondateur et dirigeant de Flowdesk, une société de trading destinée aux émetteurs de cryptos et jetons. Il ne croit pas à « un nouveau marché haussier durable des cryptos avant fin 2023 ou début 2024 ».

Les événements récents pourraient entraîner une prolongation durable de « l’hiver des cryptos » (NDLR : période de correction) », estime une note de la plateforme Coinbase. Elle est loin de se réjouir de la disparition d’un concurrent car celle-ci va détériorer indirectement l’opinion qu’ont les investisseurs de la « classe d’actifs des cryptos », plus clivante que jamais.

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