Le secteur des Ehpad est en crise, et « quand un secteur est en crise à ce point, il faut une loi de refonte », tranche Victor Castanet dans un entretien aux « Echos ». Le 26 janvier 2022, son livre « Les Fossoyeurs » avait déclenché le scandale Orpea. Un an et 170.000 exemplaires vendus plus tard, son format poche sort mercredi. En un an, le journaliste indépendant a gagné en poids : ses accusations envers les pratiques du gestionnaire d’Ehpad ont été confirmées , et il augmente son livre de dix nouveaux chapitres.

Ces pages supplémentaires font le bilan d’un an de tempête et n’épargnent personne. Ni l’agence de communication d’Orpea Image 7, ni les officines d’influence digitale, qui ont tenté de décrédibiliser les « Fossoyeurs », ni le gouvernement. Il y est décrit comment la Macronie a empêché la tenue d’une commission d’enquête parlementaire sur Orpea à la sortie du livre. « Elle aurait pu apporter une réponse non pas judiciaire mais politique, pour ouvrir la porte à un changement de la loi » sur le secteur, regrette Victor Castanet.

Loi grand âge enterrée
Il n’y a toujours pas de projet de loi grand âge. Emmanuel Macron avait promis en 2018 une loi sur le financement de la dépendance pour 2019, qui n’a pas vu le jour. Puis promis en 2020 une loi grand âge pour 2021, mais rien. Finalement, cette loi a disparu en 2022 de son programme présidentiel et le scandale Orpea ne l’a pas fait réapparaître.
« Les faits sont têtus, et si on se refuse à les regarder en face, les mêmes drames se reproduiront. Encore faudrait-il […] que le pouvoir exécutif s’empare vraiment du sujet. Cela n’a pas été le cas, malheureusement, dans la crise Orpea. Une autre sorte de fossoyeurs… », dénonce la version actualisée du livre.
Seule existe à ce stade une proposition de loi déposée mi-décembre par des députés, « portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France ». Son devenir est incertain.

Trous dans la raquette
L’Etat a toutefois sorti en urgence au printemps 2022 un décret interdisant certaines pratiques d’Orpea – comme de passer en profit les remises de fin d’année obtenues des fournisseurs sur des achats payés avec l’argent public. Une plateforme numérique pour recueillir les signalements de maltraitances en Ehpad va par ailleurs être lancée « prochainement » pour « libérer la parole » et faciliter leur suivi, a annoncé mardi le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe.
Mais plutôt que de continuer à boucher les (nombreux) trous dans la raquette réglementaire, « il faudrait restructurer le secteur, le refinancer, l’encadrer d’une nouvelle manière et lui apporter une vision », oppose Victor Castanet.

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