Le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat des Nations unies, s’est réuni mi-mars en Suisse pour livrer la synthèse de son sixième cycle d’évaluation. Il réaffirme l’urgence d’agir en diminuant drastiquement ses émissions de C02 pour éviter la destruction massive de la biodiversité et une crise sociale planétaire majeure. La Terre n’a jamais été aussi chaude depuis 125 000 ans, mais les actuelles canicules, tempêtes et inondations meurtrières amplifiées par le changement climatique pourraient n’être qu’un avant-goût du monde que les énergies fossiles brûlées par l’humanité nous préparent. C’est ce qui ressort des 10 000 pages de rapports par le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) des Nations unies, réuni depuis le 13 mars à Interlaken en Suisse pour conclure la synthèse finale de son sixième cycle d’évaluation, neuf ans après la dernière.

Voici les principales conclusions des six rapports publiés depuis 2018, qui dressent la feuille de route de l’humanité pour préserver un monde “vivable”:

OBJECTIF 1.5°C ET NON 2°C
L’accord de Paris de 2015 prévoit de limiter le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C par rapport à la fin du XIXe siècle. Mais dès 2018, un rapport crucial du Giec a conclu sans détour: seul l’objectif plus ambitieux de +1,5 °C peut préserver le monde d’une grave crise climatique, ce qui implique “des changements sans précédent et sur tous les aspects de la société“. D’ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer de 43% par rapport aux niveaux de 2019. Et même de 84% d’ici 2050. Or elles ont continué à augmenter. Le dépassement des 1,5°C est désormais très probable, même temporairement.
Or chaque dixième de degré compte. A +1,5°C, 14% des espèces terrestres seront menacées d’extinction. A +2°C, 99% des récifs coralliens des eaux chaudes – qui abritent un quart de la vie marine – périront, et les récoltes des cultures vivrières de base déclineront. Les rapports du Giec soulignent, comme jamais auparavant, le danger des “points de basculement”, ces seuils de température qui, une fois franchis, pourraient entraîner un cercle vicieux irréversible. Aux marges de l’Amazonie, par exemple, la forêt tropicale se transforme déjà en savane.
Au-delà, un réchauffement compris entre 1,5 et 2°C pourrait faire dégeler le pergélisol, libérant du méthane, ainsi que les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest. Ces dernières contiennent suffisamment d’eau pour hausser le niveau des océans d’une douzaine de mètres, certes sur des siècles mais de manière irréversible si un point de non-retour est atteint dès notre époque.

LIMITER UNE CRISE SOCIALE MAJEURE
Le rapport de 2022 sur les impacts du réchauffement, décrit par le chef de l’ONU Antonio Guterres comme un “atlas de la souffrance humaine“, a dressé la liste des énormes défis de l’humanité. Entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes sont “très vulnérables” à ces effets, notamment aux canicules, à la sécheresse, aux pénuries d’eau ainsi qu’aux moustiques, vecteurs de maladies.
D’ici à 2050, de nombreuses mégapoles côtières et des petits Etats insulaires, exposés aux submersions, connaîtront chaque année des catastrophes d’une ampleur auparavant centennale. Tout retard supplémentaire dans la réduction des émissions et dans l’adaptation aux effets du réchauffement déjà en germe “nous fera rater l’étroite fenêtre de tir pour assurer un avenir vivable et durable pour tous, et qui se referme très vite“, conclut ce rapport sur les impacts.

ÉCOSYSTÈMES GRAVEMENT EN PÉRIL
Heureusement pour nous, les forêts, les plantes et les sols absorbent et stockent près d’un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre de l’activité humaine. Mais la surexploitation de ces ressources relâche du CO2, du méthane (CH4) et du protoxyde d’azote, qui réchauffent la planète. Et l’agriculture consomme environ 70% des réserves d’eau douce disponibles.
Jusqu’ici, les océans ont aussi absorbé un quart du CO2 produit par l’homme et plus de 90 % de l’excès de chaleur provoqué par les gaz à effet de serre. Mais cet amortisseur a eu un prix: les mers se sont acidifiées, compromettant leur capacité future d’absorption, et le réchauffement de l’eau en surface a augmenté la force et la portée des tempêtes tropicales.

ENERGIES FOSSILES VS RENOUVELABLES
Toutes les solutions “impliquent des réductions rapides, profondes, et dans la plupart des cas immédiates, des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs“, y compris l’industrie, les transports, l’agriculture, l’énergie et les villes, a conclu le Giec.
Les centrales au charbon qui ne sont pas équipées d’une technologie de captage du CO2, doivent réduire leurs émissions de 70 à 90% dans les huit années à venir.
D’ici à 2050, le monde devra être neutre en carbone, ce qui impliquera d’absorber les émissions résiduelles dans l’atmosphère.

La bonne nouvelle, souligne le Giec, c’est que les alternatives aux hydrocarbures sont devenues nettement moins chères. Entre 2010 et 2019, les coûts unitaires de l’énergie solaire ont chuté de 85 % et ceux de l’énergie éolienne de 55 %.

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