Vendus le plus souvent en pharmacie ou directement chez les dermatologues, les produits de dermocosmétique qui marient beauté et soins viennent de franchir la barre des 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’échelle mondiale et représentent déjà plus de 8 % du marché de la beauté.

« Dans cinq pays, c’est déjà plus de 15 % du marché », souligne même Myriam Cohen-Welgryn, directrice générale de la division Beauté dermatologique chez L’Oréal. Une branche dont le chiffre d’affaires a progressé de 22 % en 2022 pour atteindre les 5 milliards d’euros et encore de 30 % sur le premier trimestre de 2023. En France, où le segment dispose de réseaux de distribution spécifiques (pharmacie, parapharmacie et distribution sélective), il affiche une santé insolente malgré l’inflation et brille par des marques souvent françaises et issues de sources thermales.

« En France, les pharmacies furent le seul réseau ayant maintenu une activité pendant la pandémie. Cela a boosté la consommation pendant et en sortie de crise sanitaire » avec une image plus forte et rassurante », rappelle un expert de la beauté. « Vous avez des influenceuses ou mannequins vivant aux Etats-Unis ou à Londres qui vantent le concept de nos pharmacies françaises, qui sont des lieux de shopping beauté prisés comme les boutiques de mode à Paris », assure-t-on dans une parapharmacie jouxtant les Galeries Lafayette à Paris.
L’engouement pour la dermocosmétique dépasse cependant largement l’Hexagone. Aux Etats-Unis, le personnel de santé joue directement un rôle de prescripteur et de vendeur. En Asie et notamment en Chine, le marché se partage essentiellement entre les comptoirs commerciaux des hôpitaux et la vente en ligne.

La demande est portée par une combinaison de facteurs : peaux fragilisées par la pollution urbaine et le réchauffement climatique qui amoindrit la barrière anti UV, vieillissement de la population, recherche de peaux parfaites sur les réseaux sociaux… En parallèle, l’innovation permet de résoudre de plus en plus de problèmes de peau et même de venir concurrencer le marché de la chirurgie esthétique en proposant des solutions bien moins lourdes que des interventions chirurgicales.
Le marché des cosmétiques est porté par un nouvel « appétit de la beauté », aime expliquer Nicolas Hieronimus, le directeur général de L’Oréal. La montée en puissance de la communication numérique qui permet de faire la pédagogie ou la promotion de produits plus complexes que de simples crèmes contribue aussi à démocratiser le segment de la dermocosmétique.

« Skin influenceurs »
Après les actrices, présentatrices télé et mannequins qui ont longtemps été les ambassadrices de ces produits vendus en pharmacie, ce sont désormais les « skin influenceurs » qui ont pris le relais sur les réseaux sociaux. Des médecins apportant une caution scientifique deviennent de plus en plus les ambassadeurs d’une forme de « clean beauty » .
Sur ce marché tiré par l’innovation, le temps de la R&D et des indispensables tests se rapproche de celui du médicament. Les rythmes de lancements sont donc plus lents que dans les autres marchés de la cosmétique.
A côté d’un géant de la cosmétique comme L’Oréal, qui domine ce segment de marché avec des marques comme La Roche-Posay (première marque de dermocosmétique au monde), Vichy ou CeraVe, on retrouve d’ailleurs des acteurs venant du monde du médicament comme l e français Pierre Fabre connu pour sa marque Avène, qui, selon Eric Ducournau, le DG du groupe, « devrait franchir pour la première fois le milliard d’euros » cette année. L’ allemand Beiersdorf, connu pour Nivea, également présent sur ce segment via Eurecin et Neutrogena (groupe Johnson & Johnson), est un acteur de poids en particulier aux Etats-Unis.

Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr