Il y a le deal du jour et le deal pour l’avenir. Au lendemain de l’annonce des projets de rachat de Westfield par Unibail-Rodamco et de Gemalto par Atos , la tentation pourrait être d’estimer que le premier mariage a plus de poids que le second. Sur un plan financier, le constat est sans appel : la fusion de deux géants de la pierre débouchera sur une opération à près de 21 milliards d’euros alors que le rapprochement envisagé entre deux acteurs du numérique coûtera 4 fois moins . Le spécialiste des centres commerciaux franco-néerlandais Unibail-Rodamco fait preuve d’un mérite et d’une constance qui méritent d’être relevés: après avoir créé un leader européen, le groupe est en route pour devenir un champion mondial. Le même esprit bâtisseur préside à l’opération de consolidation qui se dessine entre Atos et Gemalto, avec toutefois dans ce dernier cas une dimension stratégique supplémentaire dans la mesure où ce rapprochement touche à des questions de souveraineté. Car si cette opération devait se concrétiser, c’est bien à la naissance d’un poids lourd français du digital que nous pourrions assister. Or, en cette période de révolution industrielle 2.0, s’il y a bien un secteur dans lequel la France manque de champions, c’est le digital. Symbole de ce virage raté, seuls trois groupes (Atos, Cap Gemini et ST Microelectronics) fermement ancrés dans le numérique figurent au sein de notre CAC40. La France a réussi sa révolution industrielle, elle a prospéré sur le boom des services, elle n’a pas raté le premier virage de la mondialisation. Mais elle est passée en partie à côté de la révolution digitale. Face aux GAFAM américains (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et aux BAT chinois (Baidu, Alibaba, Tencent-WeChat), l’Europe ne pèse pas grand-chose et la France encore moins. Avec SAP ou Dassault Systèmes le Vieux Continent compte certes une petite poignée d’éditeurs de logiciels de talent. Avec Criteo, BlaBlaCar ou Venteprivée, l’Hexagone abrite quelques pépites digitales. Mais le bilan est maigre et nos positions fragiles. Encore jeune, la révolution numérique ne fait que commencer et la France, forte de ses ingénieurs, ne doit pas renoncer à s’affirmer dans ce nouveau monde. Il faut néanmoins ne pas trop se disperser et éviter de partir à l’assaut de marchés déjà captifs. En s’appuyant sur nos anciennes SSSII, astucieusement rebaptisées ENS (Entreprises de Service du Numérique), nous avons une carte à jouer. Dans les paiements électroniques, l’identification numérique, la cybersécurité ou d’autres sujets carburant aux algorithmes, des entreprises tricolores peuvent faire preuve d’ambition dans un domaine qui relèvera de notre souveraineté numérique. Et pour lutter face à des géants chinois ou américains, l’union fera souvent la force. Voilà pourquoi il faut saluer les unions à la Atos-Gemalto.
Sourced through Scoop.it from: www.lesechos.fr
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