Le loueur d’avions Amedeo, qui a passé commande de 20 A380, projette de créer une compagnie aérienne. Elle exploiterait ses très gros porteurs pour le compte d’autres transporteurs, voire de plates-formes Internet.
AirBnB serait-il l’avenir de l’A380 ? Résumée de façon un peu caricaturale, c’est l’idée défendue par Mark Lapidus, le directeur général du loueur d’avions américano-irlandais Amedeo. Faute de trouver preneur pour les vingt A380 dont il a passé commande à Airbus en 2014, Mark Lapidus a annoncé son intention de créer sa propre compagnie aérienne. Elle exploiterait, d’ici deux à trois ans, ses très gros porteurs pour le compte d’autres transporteurs aériens n’ayant pas les moyens, ou l’envie, de s’engager dans l’achat ou la location d’un tel avion.
Sa compagnie ne commercialiserait pas directement ses vols auprès du grand public, mais vendrait des heures de vol incluant l’appareil, son équipage, son entretien et son assurance à d’autres compagnies aériennes ayant pignon sur rue, qui se chargeraient de commercialiser sur les destinations de leur choix.
Aller au-delà du charter
Ce type de vol charter existe de longue date sous le terme technique de vol ACMI. Mais là où Amedeo innoverait, c’est qu’il ne se limiterait pas à un contrat entre deux compagnies aériennes, mais chercherait à agréger de nouvelles clientèles à bord de ses A380, comme celles des grands voyagistes, des agences de voyages en ligne comme Expedia, ainsi que les clients des nouveaux acteurs du voyage, comme Airbnb et, pourquoi pas, Uber et les réseaux sociaux.
Voler davantage
De quoi repousser les limites de l’affrètement classique et réduire le coût d’utilisation des A380 en augmentant leur taux de remplissage et leur nombre d’heures de vols. L’objectif d’Amedeo serait d’opérer des A380 avec une configuration quadri classes de 590 sièges (et 11 sièges de front en classe éco) qui voleraient 18 heures par jour en moyenne, contre 14 heures actuellement. Cela permettrait d’offrir le meilleur coût au siège du marché, ajouté aux autres atouts de l’A380 que sont son pouvoir d’attraction auprès du grand public et la possibilité d’augmenter l’offre sans créneau supplémentaire sur les aéroports saturés.
500 A380 pour la prochaine décennie ?
La croissance du trafic devrait faire le reste. Selon Amedeo, le nombre de lignes justifiant l’utilisation d’un très gros porteur de plus de 400 sièges devrait passer de 225 en 2013 à 410 en 2021, date à laquelle il prévoit de démarrer sa compagnie. Ce qui justifierait 500 A380 de plus dans la flotte mondiale (sachant qu’il faudra également remplacer une centaine de 747). Quant au marché de la location, il est passé de 23 % de la flotte mondiale en 2000 à plus de 40 % aujourd’hui.
Obstacles réglementaires
Mais pour séduisant qu’il soit, le projet d’Amedeo risque de se heurter à plusieurs obstacles économiques et réglementaires. « Ce n’est pas si simple. lls devront d’abord créer une compagnie aérienne, ce qui occasionne des coûts. Et ils ne pourront pas opérer librement sur n’importe quelle destination », souligne Willie Walsh, le patron du groupe IAG, qui connaît bien celui d’Amedeo. Il voudrait lui accroître la flotte d’A380 d’IAG mais sans payer le prix du neuf, et privilégie donc plutôt l’achat d’A380 d’occasion. Une bonne dizaine sera sur le marché au début de la prochaine décennie.
Sourced through Scoop.it from: www.lesechos.fr
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