Le métier à tisser, le marteau-piqueur et la chaîne de montage qui ont jalonné les révolutions industrielles renforcent tous l’efficacité du travail manuel. Les propriétaires des machines ont d’abord capté l’essentiel des gains de productivité. C’était « l’accumulation primitive du capital », pour reprendre une autre expression de Marx. Mais, peu à peu, les salariés ont pris leur part. Leurs revenus se sont rapprochés de ceux qui étaient mieux placés dans l’échelle sociale. Une immense classe moyenne s’est formée.
La montée du numérique en entreprise, l’intelligence artificielle ou la disponibilité d’énormes masses de données renforcent au contraire l’efficacité du travail intellectuel, de ceux que l’ancien ministre du Travail de Bill Clinton, l’universitaire Robert Reich, avait baptisés les « manipulateurs de symboles ». Alors que la révolution industrielle avait resserré l’échelle sociale, la révolution numérique l’allonge. Les emplois intermédiaires disparaissent au profit des emplois très et peu qualifiés. La société se polarise et les inégalités s’accroissent.
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