L’accord que le patron de Monoprix a conclu avec Amazon a un petit goût de revanche face à Alexandre Bompard, désormais son concurrent chez Carrefour.

Sa connaissance du commerce remonte à ses années d’enfance, dans le magasin La Vie Claire de sa maman, à Colmar, où il a commencé par regarnir les stocks et les rayons, avant de s’occuper de comptabilité. Depuis, cet Alsacien sportif qui fêtera ses 50 ans en décembre prochain n’a plus jamais cessé d’affiner sa culture commerciale. Il a vendu du Pampryl et des canapés, en Angleterre et en France, présidé aux destinées de Darty puis de Monoprix, où Jean-Charles Naouri, le patron de Casino, l’a appelé en 2016. Dans la vie, ce gros bosseur, forçat du fitness, s’impose une discipline de fer, à base de tennis, de footing, de vélo ou de yoga, si bien que sur sa personne rien ne dépasse, crâne dégagé comme un rayon de Nutella après une semaine de promotion, la même chemise bleue mariée aux baskets noires et l’éternel sourire conquérant de celui qui semble donner pour seul choix à son interlocuteur d’être séduit ou d’être mangé. Dans sa carrière bien fournie, l’épisode qui lui a sans doute laissé le goût le plus amer fut le rachat de Darty, qu’il dirigeait, par la FNAC, alors relancée par Alexandre Bompard. L’énarque amoureux des films de Claude Sautet aux allures de héros fitzgéraldien, homme de réseau très média-compatible, aussi à tu et à toi avec Benjamin Biolay qu’avec Emmanuel Macron, faisait irruption sur son terrain comme un chevreuil dans le potager. L’accord entre Monoprix et Amazon, au moment où Carrefour, désormais piloté par le fringant Alexandre, redouble d’efforts dans le numérique, prend du coup un petit air de pied de nez. Dans la bataille, c’est le seul moment où ce distributeur ne fait pas dans le détail.

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