Les Gafa ne croissent globalement pas aussi vite que leurs concurrents chinois, Tencent, Alibaba et Baidu. Un jour les courbes vont se croiser. Suspense ?

La Chine a inventé la poudre à canon, la bande des Quatre se sent visée. Google, Apple, Facebook, Amazon – les Gafa – ne sont pas seulement en train de découvrir l’exaspération que leurs pratiques quasi totalitaires suscitent chez leurs clients. Derrière la Grande Muraille, ils pensaient n’avoir que des challengers. Avec les nouveaux dragons chinois Baidu, Alibaba, Tencent – les BAT -, ils découvrent des concurrents de très haut niveau qui pourraient bien, un jour, leur damer le pion.

En effet, les courbes de leur valeur boursière et de leur activité croissent pour la plupart plus vite que celles de leurs pairs américains. Point n’est donc besoin d’avoir inventé la boussole, autre trouvaille chinoise, pour comprendre que ces courbes-là sont appelées à se croiser.

Elles ont déjà commencé à le faire.  En novembre dernier, Tencent a rejoint Facebook en Bourse puis l’a dépassé , franchissant la barre des 500 milliards de dollars. Alibaba est en passe aussi de rejoindre le club très fermé des cinq groupes valant plus de 500 milliards (Apple, Amazon, Google, Microsoft et Tencent). Facebook, lui, en est sorti. Côté bénéfices, ceux d’Alibaba sont presque quatre fois supérieurs à ceux d’Amazon. Bien sûr, le poids des Gafa reste encore bien supérieur, le chiffre d’affaires d’Amazon égale six fois celui d’Alibaba, Google représente dix Baidu en chiffre d’affaires, mais la tendance est là.  « Il est grand temps que la Silicon Valley devienne paranoïaque », écrit « The Economist ».

Des écosystèmes fermés

Vous ne connaissez pas Tencent ? Tous les jours, 50 millions de joueurs sont connectés sur son jeu vidéo vedette « Honor of Kings », et il est impossible de vivre, payer, jouer, s’envoyer des messages en Chine sans son application WeChat. Celle-ci a 1 milliard d’utilisateurs. Ce ne sont pas les seules activités de Tencent, mais cela donne une idée de sa force de frappe. Celle-ci est aussi une force de proposition. Alibaba, outre son gigantesque réseau d’e-commerce, possède aussi la première plate-forme de vidéo en ligne, une banque (Ant Financial), un système de paiement (Alipay). « Autrement dit, insiste Nicolas de Bellefonds, associé au BCG, ils deviennent vraiment des écosystèmes fermés, on peut passer sa journée entière sans sortir de leur plate-forme. »

C’est cette ubiquité et l’immense potentiel de son marché qui font de l’Internet chinois un précurseur. Faute de réseaux de distribution en « dur », la Chine est passée directement à l’e-commerce et même au m-commerce. De son retard, elle a fait un atout. Ses 8.500 milliards de dollars de paiements sur mobile représentent 70 fois ceux des Etats-Unis. « Si l’on veut avoir une vision de ce que sera Internet dans l’avenir, il faut regarder ce qui se passe en Chine », résume Nicolas de Bellefonds.

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