Nous voici donc à un de ces moments clés de l’histoire économique ceux où les destins se font ou se défont. Dans « La révolution du partage » (où lui la voit comme un don), Alexandre Mars, citant un journaliste canadien , rappelle que sur les 75 personnes les plus riches depuis l’an zéro, 14, qui sont d’ailleurs en tête de liste de ce classement, sont nées au même endroit (les Etats-Unis), et au même moment, (entre 1831 et 1840), les Rockefeller, Carnegie, Vanderbilt etc. Vive le chemin de fer, vive l’émergence de Wall Street, à l’époque. 

Aujourd’hui, vive les plateformes ? « Ce sont les carrefours du XXIème siècle », insiste  Grégoire Sentilhes, patron du fonds d’investissement NextStage . Sur ses treize participations, sept empruntent ces nouvelles voies. Ainsi de « Steel Shed Solutions », une plateforme de vente de bâtiments métalliques en kit peu coûteux et fort prisés en Afrique. L’imagination est partout au pouvoir. Créé par Charlotte de Vilmorin, elle-même handicapée, Wheeliz fait de l’autopartage sur des véhicules équipés pour les personnes en fauteuil roulant. Avec Staybler, Guillaume Luce a créé un Airbnb pour chevaux indiquant aux cavaliers en balade les places libres dans les centres équestres : « Box and breakfast ». 

Rien à voir naturellement avec la valorisation de plus de 60 milliards d’Uber ou les 60 millions d’utilisateurs de Blablacar. A ce niveau de développement, les entreprises « traditionnelles » savent qu’elles doivent réagir. Celui qui va acheter une télé d’occasion sur Leboncoin n’ira pas chez Darty, le client de Drivy, site de location de voitures entre particuliers, n’ira pas chez Avis ou Europcar. Comme Avis a acheté Zipcar, le champion américain de la location de voitures entre particuliers, Europcar s’est lancé dans l’autopartage avec Ubeequo ou Snappcar. Lorsque chez le loueur la durée moyenne de location est de huit jours, il élargit son offre avec des services à l’heure. Sa présidente, Caroline Parot, insiste sur « la nécessité d’élargir son offre à toutes les solutions de mobilité ». Avec le « drive and share », ses clients peuvent même sous-louer la voiture qu’ils ont louée s’ils ne l’utilisent pas pendant toute la durée de leur location. Ce n’est plus de la charité chrétienne, c’est la multiplication des pains.

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