Le groupe Bolloré, qui avait obtenu, à la surprise générale, la délégation de service public (DSP) pour Autolib’ en 2010, estimait à l’époque que le bénéfice atteindrait 54 millions d’euros à la fin du contrat, en 2023. C’est tout le contraire qui s’est produit : non seulement Autolib’ n’a jamais atteint l’équilibre, mais il perd de l’argent. Beaucoup d’argent : le déficit pourrait approcher les 300 millions dans cinq ans. Or, le contrat stipule que la perte supportée par Bolloré ne saurait dépasser 60 millions d’euros pour la période 2011-2023. Au-delà, ce sont les communes utilisatrices qui sont censées combler les pertes. Ce qui pousse le groupe à demander dès à présent 233 millions d’euros aux 98 communes du syndicat mixte – soit un peu plus de 46 millions par an.

Si Autolib’ est une réussite technologique et un succès populaire, avec 150.000 abonnés, Bolloré se trouve dans une impasse économique. Car pour espérer être rentable, ce n’est pas d’abonnés dont le service a besoin, mais d’utilisateurs réguliers. En effet, c’est la location facturée à la durée qui doit financer le service. Or Autolib’ est de moins en moins utilisé : selon les chiffres révélés par « Le Monde » début juin , le nombre de locations par jour a chuté de 21 % entre 2016 et 2017, pour atteindre 13.251 – soit, en moyenne, moins de 4 locations par véhicule et par jour.

Lancée dans un bras de fer avec le groupe Bolloré, Anne Hidalgo n’hésite plus à lui mettre la pression. Ses services ont ainsi rencontré ce lundi plusieurs industriels proposant des offres concurrentes, dont PSA, Renault ou Daimler-Benz. Car si Autolib’ a été un des pionniers mondiaux de l’auto-partage, il est désormais loin d’être le seul. Et son schéma tout intégré, où un seul opérateur bénéficie d’une délégation de service public pour fournir à la fois les véhicules, les places de stationnement, les bornes de recharge et le système informatique, paraît bien lourd.

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