Sur une petite scène au sixième étage d’un immeuble du centre financier, le programme informatique a été confronté à deux questions : les pouvoirs publics doivent-ils subventionner l’exploration spatiale et faut-il développer l’usage de la télémédecine ?

Face à lui, deux champions de concours d’éloquence en chair et en os. Tous ont été soumis aux mêmes règles : quatre minutes pour défendre son point de vue, suivies d’un temps équivalent pour répondre à l’avis opposé exprimé par son adversaire, puis deux minutes pour résumer ses arguments.

Corpus de 300 millions de documents

Le système informatique n’avait jamais été entraîné à répondre à ces questions. Pendant deux minutes, trois petites boules violettes ont sautillé à l’écran, une animation indiquant que la machine réfléchissait. Puis elles ont fusionné et une voix féminine robotique a déroulé son argumentaire.

Le discours était plus riche en citations et en exemples que ses rivaux humains car en quelques dizaines de secondes, le système est capable de scanner un corpus de 300 millions de documents, issus d’articles de journaux académiques, de médias, et de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, pour en extraire des arguments et les résumer. Mais il n’a pas encore la même capacité de conviction qu’un humain car il lui manque ses subtilités de réflexion, sans parler de sa gestuelle et de ses intonations.

Le programme, sur lequel IBM travaille depuis 2012, récite surtout des passages de textes, sans reformuler les arguments pour leur donner plus de force. Il s’appuie aussi sur un « knowledge graph », une sorte de modèle théorique liant les sujets entre eux, qui le conduit à parfois développer des arguments déconnectés de la question.

Sourced through Scoop.it from: www.lesechos.fr