La COP24 devait évaluer les efforts déployés au niveau mondial pour atteindre l’objectif d’atténuation sur le long terme énoncé dans l’Accord, et « éclairer » les prochaines contributions déterminées au niveau national des Parties à la lumière du rapport du GIEC. Le débat a vite tourné au pugilat et des États s’en sont pris au GIEC pour justifier leur opposition. Il est plus simple d’accuser le thermomètre plutôt que de soigner la fièvre. L’Arabie saoudite et le Koweït, promptement rejoints par les USA de Donald Trump et la Russie de Poutine se sont ligués pour refuser de soutenir une motion saluant le rapport du GIEC. Un psychodrame qui en dit long sur le négationnisme climatique affiché d’États plus prompts à soutenir leur économie fossile qu’à protéger leurs futures générations.
 
L’Europe ne s’est pas montrée tellement plus exemplaire. Du fait de ses divisions internes, elle n’est pas parvenue à se mettre d’accord sur le niveau d’ambition de sa contribution au réchauffement. « La COP 24 a donné le triste spectacle d’une incompréhension entre des pays qui défendent leurs intérêts économiques et industriels, et des pays vulnérables qui jouent leur survie. Au final, ce sont les peuples qui sont abandonnés », regrette Clément Sénéchal, chargé de la campagne climat pour Greenpeace France.
 
Quant à la France, elle brillait par son absence. Ni Emmanuel Macron, ni Edouard Philippe n’ont jugé utile de se déplacer pour l’ouverture des négociations, lors de la journée réservée aux chefs d’État. François de Rugy n’a, lui non plus, pas daigné se déplacer en seconde semaine, lors des négociations politiques, laissant la place à Brune Poirson, qui elle-même est repartie quatre jours avant la fin des discussions. Dans un communiqué, l’ONG Greenpeace fustige l‘attitude de la France : « L’enjeu climatique semble complètement dépriorisé par ce gouvernement, qui a déserté l’arène internationale. Malgré ses beaux discours et ses slogans faciles, Emmanuel Macron préfère dérouler le tapis rouge au secteur privé lors de One Planet Summit non-contraignants ».
 
Pour Sandrine Maljean-Dubois, Directrice de recherche CNRS, aucune décision de la COP ne fait formellement obligation aux États de relever le niveau d’ambition de leurs contributions. « Or, en pratique, c’est l’attentisme qui domine » écrit-elle. Une cinquantaine de pays (incluant la France, le Canada, l’Argentine, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne ou la Norvège) disent explorer la possibilité de réviser leur contribution, mais seules les Iles Marshall ont officiellement transmis une contribution révisée plus ambitieuse.
 
Climatoscepticisme autoritaire
Cette COP24 a été le révélateur de l’axe climatosceptique à tendance autoritaire qui traverse le globe. On en connait les figures principales. Donald Trump semble en être l’archétype ; ses discours répétés sur le déni de la moindre preuve scientifique du réchauffement climatique sont devenus sa marque de fabrique. Pour lui, accepter le message scientifique sur le climat signifierait abandonner le principe de base de la modernité américaine : le progrès à tous crins. Dans sa logique teintée d’autoritarisme post-moderne, la relance du charbon et le développement sans entrave des industries fossiles deviennent des combats contre tous ceux qui à travers le monde colportent le « canular » du changement climatique.
 
Dans son orbite, le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro veut s’affranchir de l’Accord de Paris et mène une politique autoritaire pour développer son économie à coup de charbon et de déforestation. En Australie, les climatosceptiques gagnent du terrain au parlement, tout comme en Europe où le gouvernement polonais aux penchants autoritaires s’arcboute sur ses mines de charbon de Silésie. On retrouve les mêmes tonalités en Allemagne où l’AFD, parti nationaliste et climatosceptique décomplexé soutient les industries fossiles. En Grande-Bretagne, les partisans du Brexit dur comme Boris Johnson ou Nigel Farage affirment haut et fort leur déni du réchauffement climatique.
L’historien des sciences Jean-Baptiste Fressoz ajoute dans une chronique publiée par Libération que « Dans nombre de ces pays passés aux mains d’une droite dure et charbonnée, le soutien aux industries polluantes se double souvent de violence envers les défenseurs de l’environnement. »

Sourced through Scoop.it from: www.up-magazine.info