L’Autonomie énergétique 100 % renouvelable : Le Vorarlberg, en Autriche
Photo ©Olivier Lassu
Au bord du lac de Constance, à la frontière de la Suisse, du Liechtenstein et de l’Allemagne, existe un ancien bassin industriel pénalisé par la crise du textile : le Land du Vorarlberg. « C’est aujourd’hui l’une des régions les plus dynamiques et les plus riches du pays. »
En 1980, un petit groupe de charpentiers et d’architectes, accompagnés d’élus et de militants « verts », décident de reprendre en main l’urbanisation du site portée par une réflexion écologique et humaniste : l’architecture est pensée dans son contexte, celui des constructions vernaculaires mais aussi celui du grand paysage.
Qu’est-ce qui a permis cette réussite et permet aujourd’hui de nourrir une philosophie constructive ? s’interroge Philippe Simay lors de son voyage. Il a été frappé par la « culture du local » sous-jacente à toute l’entreprise. Tout repose d’abord sur un matériau : le bois. Matériau biosourcé, il favorise l’économie circulaire mais surtout, il est abondant dans la région, constituant une réserve très précieuse. "Repenser à exploiter les ressources locales doit redevenir une évidence, procédé largement oublié dans l’architecture occidentale."
Mais il s’agit aussi de l’engagement fort d’architectes du cru depuis plusieurs générations et de l’organisation politique de la région. Nous sommes là bien loin de la centralisation à la française : l’autonomie des municipalités et de leurs maires rend possible un développement homogène et cohérent sur tout le territoire, faisant la part belle au local et à des pratiques répandues de concertation citoyenne. « La démocratie participative n’est ici pas un vain mot et nous dit la volonté des pouvoirs publics d’aboutir sur ces questions à des actions concertées et non bureaucratiques. »
Philippe Simay précise qu’aujourd’hui « la communication du Vorarlberg met surtout l’accent sur le développement durable. Mais j’aime à rappeler qu’au départ, avant la dimension écologique, il y eut surtout une révolte contre la négation des cultures locales par la lame de fond moderniste, contre le développement d’un « style international » étranger aux histoires nationales, aux contextes, aux pratiques, aux territoires, etc. »
Habiter est le propre de l’être humain. Mais alors si « habiter » est le propre de l’homme, alors pourquoi accepte-t-il trop souvent l’inhabitable ? On pense ici au syndrome des banlieues où, face à des situations d’urgences, certains lieux ont été mal pensés et sont mal habités : construits sur des zones à risques (zones inondables, anciennes déchetteries, …) ; ou en détruisant des écosystèmes entiers (forêts, zones humides, …).
Mais on pense aussi à la crise migratoire. En décembre 2018, à l’occasion de la « Journée internationale des migrants » était organisée une manifestation, les « Poétiques du refuge » (1) où le philosophe Dénètem Touam Bona intervenait sur l’articulation entre poétiques et politiques : à travers le thème du refuge, « les Poétiques du refuge » visaient à mettre en valeur la résilience et la puissance d’invention des « migrants » qui, loin d’incarner la « misère du monde », sont plutôt les pionniers de l’humanité à venir. Le thème du « refuge » nous donne l’occasion de nous interroger sur ce que signifie aujourd’hui, dans un monde globalisé, aux repères et à l’avenir incertains, « habiter la Terre ». Les différents exemples mis en lumière dans l’ouvrage de Philippe Simay sont là pour nous le rappeler.
Enfin, inspirons-nous encore une fois des travaux d’Augustin Berque : reconsidérer la relation entre la nature et l’homme pour qu’elle nous fournisse une nouvelle et essentielle perspective philosophique nous aidant à déterminer une meilleure direction pour la survie de l’humanité dans le futur.
Sourced through Scoop.it from: www.up-magazine.info
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