C’est un nouveau voile qui se lève sur l’ampleur de la surveillance de masse mise en place par Pékin à l’encontre des 13 millions de musulmans ouïghours dans la région du Xinjiang, aux confins nord-ouest de la Chine. Dans un rapport détaillé de 68 pages , l’ONG Human Rights Watch démontre comment la police chinoise se sert des nouvelles technologies et notamment d’une application mobile pour traquer et persécuter cette minorité, dont au moins 1 million de personnes seraient internées dans des camps de « rééducation », selon plusieurs rapports d’experts indépendants et d’ONG.
Au coeur de cette traque, officiellement destinée à lutter contre la radicalisation islamiste, se trouve la plateforme « IJOP » (« Integrated Joint Operations Platform »), utilisée par la police du Xinjiang pour collecter des données personnelles et signaler les individus jugés potentiellement menaçants. « Le gouvernement chinois surveille tous les aspects de la vie des habitants du Xinjiang, repère ceux dont le comportement lui semble suspect, et les guette de manière encore plus intense », a indiqué Maya Wang , chercheuse sur la Chine chez Human Rights Watch, qui a examiné la conception de cette application.
Indicateurs de comportements suspects
La plateforme « Ijop » recueille une masse de données, qui vont du groupe sanguin d’un individu à sa taille, en passant de son affiliation politique ou religieuse. Le moindre fait et geste de tout un chacun est scruté à la loupe, grâce aux données recueillies via les cartes d’identité, adresses IP, traçage des smartphones, plaques d’immatriculation, mais aussi les millions de caméras de vidéosurveillance installées dans toute la province… Même les consommations d’électricité et de carburant des habitants sont enregistrées et analysées pour repérer des comportements jugés suspects.

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