La solution vise à aider les entreprises clientes de la plateforme Teo à comprendre d’où vient l’énergie, de pouvoir la tracer et de pouvoir donner cette information à leurs propres clients. Il sera possible de connecter sur la plateforme Teo des assets de production renouvelable, c’est-à-dire des parcs éoliens et des parcs solaires. Y seront connectés également des assets de consommation des clients. « Dans la blockchain, on va émettre tous les jours des certificats prouvant que telle quantité d’énergie a été prélevée sur le réseau venant de tel parc à tel endroit pour couvrir la demande de tel client » explique-t-il.

Association entre Engie et Ledger

L’application débute par l’électricité, mais Thierry Mathieu regarde également le gaz, le biogaz et l’hydrogène. Dans le cadre de ce projet, Teo a travaillé en 2016 avec Ledger – une entreprise qui commercialise des clés intelligentes, utilisant une technologie de carte à puce et qui protègent les cryptovaleurs d’un particulier -. Ils ont alors travaillé sur la capacité à connecter une blockchain à un univers physique. Il s’agissait de s’assurer qu’un certificat de production d’énergie verte ne soit émis sur la blockchain qu’en ayant constaté que l’énergie a réellement été produite. Cela a d’ailleurs ouvert la voie des solutions de certification de données IoT (Internet of Things) chez Ledger.

Un boîtier a été créé afin de mesurer les flux électriques et de se connecter à la blockchain

« Nous sommes allés chercher Ledger pour s’assurer d’avoir des données fiables et avoir une donnée sécurisée dès le début, et qu’elle n’ait pas été modifiée avant qu’on la mette dans la blockchain. Sur notre sujet des flux électriques, il faut que l’on accède au compteur et aux données certifiées par le régulateur ou alors on peut installer un objet qui s’appelle un oracle [NDLR : un accord conjoint entre Engie et Ledger a été annoncé en octobre 2018 pour le développement de cet objet. L’usage du mot oracle n’est toutefois pas autorisé en tant que marque]. Il prend l’information du monde physique pour la donner dans le monde digital et au plus près de l’asset. Nous avons développé des petits boîtiers que l’on va mettre sur les compteurs. Ils vont récupérer l’information de production ou de consommation. Ils vont signer les transactions de manière autonome et interagir avec la blockchain. Ça c’est l’ambition et surtout cela a beaucoup de sens pour l’IoT, l’internet des objets, de sécuriser ces informations dans le futur  » insiste Thierry Mathieu.
Teo utilise le protocole de blockchain de l’Energy Web Foundation qui s’appelle le « Proof of Authority » et n’utilise pas le « Proof of Work » à la base du Bitcoin mais trop consommateur d’électricité. Le protocole « Proof of Autorituy » est décentralisé et donne plus de pouvoir à certains acteurs sur le réseau et où le fait de valider une transaction n’est pas lié à une surconsommation d’énergie. « Nous utilisons une solution qui ne consomme pas énormément d’énergie » se félicite Thierry Mathieu. L’Energy Web Foundation est une association à laquelle Engie appartient. Elle travaille sur l’usage et la normalisation de la blockchain dans le secteur de l’énergie avec ses concurrents et les grands clients.

Décentralisation de la production d’énergie

La certification de l’origine de production n’était pas le premier cas d’usage pressenti par Engie. « Le premier usage auquel on a pensé est celui qui accompagne la décentralisation de la production énergétique.  Le monde de demain est celui de la production décentralisée. Et pour faire en sorte que les acteurs de la production et les consommateurs puissent échanger en confiance de l’énergie et de l’argent, nous avons pensé que la blockchain était une technologie prometteuse » présente Yves Le Gélard.

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