L’offensive de Facebook dans la cryptomonnaie prend forme. La firme de Menlo Park aurait pris langue avec des dizaines de firmes financières et de commerçants en ligne,  avance le « Wall Street Journal » qui précise que les équipes du réseau social planchent sur le projet depuis plus d’un an et que celui-ci a pour nom de code « Project Libra ».

Dans le détail, le groupe de Mark Zuckerberg s’échine à convaincre les sites d’e-commerce et de m-commerce d’accepter sa future devise virtuelle, qui pourrait être baptisée « Facebook Coin », pour les achats sur leur plate-forme. Pour les convaincre, le groupe leur ferait miroiter des frais de transactions gratuits.

Le nouveau projet fou de Facebook : battre monnaie

En parallèle, le groupe américain discute d’un rapprochement avec Visa et Mastercard. La raison ? La grande majorité des utilisateurs du réseau social ont une carte de crédit ou de débit de l’une de ces deux firmes et Facebook va être amené à s’appuyer fortement sur leur système de paiement respectif (achat, vente et échange) quand il lancera sa « crypto ».

« On sent que ce projet est bien plus qu’un gadget »
Facebook chercherait aussi à lever 1 milliard de dollars auprès de tous ces futurs partenaires éventuels en vue de soutenir la valeur de sa future monnaie (« stable coin ») et lui éviter ainsi une trop grande volatilité comme celle observée avec le bitcoin, la plus connue des devises virtuelles, croit aussi savoir le « Wall Street Journal ». Pour cela, le réseau social devrait aussi indexer son Facebook Coin sur le dollar américain.

« On sent que ce projet est bien plus qu’un gadget. Ils veulent construire un système de paiement global », souligne Clément Jeanneau, cofondateur de Blockchain Partner. « Le projet de crypto de Facebook s’inscrit dans un vrai changement de business model. »

Facebook veut fusionner les messageries d’Instagram, WhatsApp et Messenger
Sous pression en raison des multiples scandales liés à son exploitation des données personnelles de ses utilisateurs, Facebook est contraint d’opérer sa mue. Même si son  modèle économique ne montre pour l’heure aucun signe de faiblesse . Cette semaine, Mark Zuckerberg a ainsi levé le voile sur les grands changements à venir concernant le  recentrage du groupe vers les échanges privés. L’autre grand chantier de la firme californienne cette année.

Plus de 2 milliards d’utilisateurs chaque jour

Chapeauté par David Marcus, ancien patron de PayPal, le « Project Libra » doit permettre à Facebook de diversifier ses revenus ; 98 % sont générés par la publicité en ligne. Le groupe pourrait lancer un ballon d’essai dès cet été en expérimentant sa « crypto » en Inde, via WhatsApp – l’une des applications qui constitue l’écosystème « social » de Facebook (qui comprend aussi Messenger et Instagram).

C’est l’atout maître du géant de la Tech pour faire de sa crypto un succès. En tout, l’empire de Mark Zuckerberg, qui a bien identifié le paiement comme la nouvelle frontière du numérique, peut s’appuyer sur une communauté de plus de 2 milliards de personnes qui se servent chaque jour de l’un de ses services.

Pour les inciter à utiliser ses Facebook Coin, le groupe lancé dans une course de vitesse avec  Telegram, qui travaille aussi sur sa « crypto », songerait notamment à leur permettre d’en gagner en regardant de la publicité. Une manière pour le groupe de gagner, lui, sur les deux tableaux, sans remettre en cause son business model.

Le réseau social réfléchirait aussi à une fonctionnalité permettant à ses utilisateurs de cliquer sur une publicité pour acheter le produit ou service en question via sa « crypto ». Une fonctionnalité semblable est d’ailleurs actuellement  expérimentée sur Instagram.  De son côté, le vendeur pourrait ensuite réutiliser la devise virtuelle pour acheter à nouveau de la publicité au sein de l’écosystème. La nouvelle révolution « facebookienne » est bien en marche.

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