L’œil du consommateur change et la pression s’accroît sur les distributeurs. La simple application mobile Yuka change totalement la donne par la transparence qu’elle amène sur la composition des produits. « Nous avons une pression de dingue. Je pense que c’est comme cela dans toutes les enseignes de distribution : on se paluche tous les produits au Yuka pour voir comment on est noté et on établit des cahiers des charges tout de suite dans la foulée pour changer ce qui peut être un peu mal noté » révèle-t-il. C’est un changement à opérer à très court terme, insiste-t-il.

Le groupement Intermarché possède 62 usines

Au-delà, l’enjeu est la responsabilité sociétale du commerçant. « L’enjeu est d’avoir une marque qui incarne une vraie mission sociétale » souhaite le dirigeant. Intermarché s’est créé il y a 50 ans en partant du principe qu’il fallait sécuriser son approvisionnement et croire en la verticalité des filières. Résultat, le groupement possède 62 usines et travaille en direct avec 20 000 agriculteurs et avec les pêcheurs.
« C’est 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Nous sommes quatrième juste derrière Nestlé et Lactalis. Notre pôle agroalimentaire est extraordinaire » se félicite-t-il. « Nous avons évidemment l’obligation de ne pas faire que du profit mais finalement de se dire comment on peut faire pour que le monde soit un peu meilleur » pense-t-il. Le dirigeant souhaite que les agriculteurs soient mieux rémunérés.

Les acheteurs ont du acheter plus cher 

« En tout cas, moi j’en fais un combat. J’ai été le premier à signer des accords avec Lactalis, Bel, etc, en disant à mes acheteurs que pour une fois ils devaient acheter plus cher que l’année dernière. Ce n’est pas naturel pour un acheteur. Ils l’ont fait et j’assume. C’est-à-dire que je pense que l’on a cette responsabilité sociétale » tranche-t-il.

“Ce qu’il faut retenir des Gilets Jaunes c’est la fracture territoriale”

Le mouvement des Gilets Jaunes lui semble être un révélateur du rôle de la grande distribution. « Quand on voit le mouvement des Gilets Jaunes, ce qu’il faut retenir c’est évidemment la fracture territoriale. Il n’y a plus de Poste, il n’y aura bientôt plus d’école si on continue et donc des fois il y a l’Intermarché qui est là et qui est le lien social » décrit-il. « Ce monde rural on le connaît. En tant que proche partenaire du monde agricole, on a cette responsabilité. On en fera le marketing après. Mais on va s’y employer » annonce-t-il avec conviction.
Le positionnement spécifique d’Intermarché en tant que « Producteur et commerçant » aura mené à une communication originale ces dernières années et à une vraie transformation du groupement. « C’est un plan stratégique que l’on a construit il y a 4 ans. Le consommateur a le choix d’aller chez tous nos concurrents. On s’est posé la question : qu’est ce qui fera que l’on va créer la différence et qu’il va venir chez nous plutôt que de copier – ce que font certains – ou que de faire un petit peu mieux que les autres ? » explique le Président.

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