« Dans les années à venir, soit les nouvelles technologies détruiront la démocratie et l’ordre social actuel, soit la politique parviendra à asseoir son autorité sur le numérique ». Dès les premières lignes de son livre, L’homme ou la machine, Jamie Bartlett nous met en garde : technologie et démocratie sont engagées dans un conflit grave et, à terme, seule l’une d’elle pourra survivre. La démocratie pourrait devenir ainsi une « coquille vide », dirigée par des machines intelligentes et une nouvelle élite de technocrates progressistes mais autoritaires, écrit Bartlett.
Son constat est radical. Plus, en tout cas, que celui du sociologue Dominique Cardon, que nous recevions en mai dernier pour un podcast, à l’occasion de la sortie de son nouveau livre, Culture numérique (Presses de Sciences Po, 2019). Pour ce dernier, le Web et les réseaux sociaux ont surtout redistribué le pouvoir et l’autorité, replaçant les individus et la société civile au centre de l’échiquier, comme le montrent de nouvelles formes de mobilisation collective comme le mouvement Occupy Wall Street, celui des Indignés espagnols, Black Lives Matter aux États-Unis ou bien encore les Gilets jaunes en France.
Le propos de Bartlett se situe plutôt dans la lignée de celui du philosophe Éric Sadin, qui entrevoit l’avènement d’une « gouvernance algorithmique » venant remplacer le moindre mécanisme de délibération collective et, ce faisant, détruisant l’essence même de la démocratie représentative. Dans son nouveau livre, Bartlett insiste sur l’idée que le numérique fragilise nos démocraties représentatives, piratant l’attention des citoyens, les privant de leur liberté de conscience, faisant du champ politique une arène violente et créant des inégalités toujours plus abyssales. Un cocktail détonant qui, selon l’auteur, nous livrerait en pâture aux discours simplificateurs et autoritaires des populistes.
Sourced through Scoop.it from: usbeketrica.com
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