Recruté par Apple en 1992, le designer de 25 ans devient l’allié le plus précieux de Steve Jobs lors de son retour à la tête de l’entreprise cinq ans plus tard. Ensemble, ils créent l’iMac, un ordinateur qui permet à la société de sortir du rouge. Avec son dos arrondi, translucide et acidulé, il séduit le grand public habitué aux ordinateurs austères.
La société enchaîne ensuite les succès : l’Ipod en 2001, l’iPhone en 2007, le MacBook Air en 2008, l’iPad en 2010, l’AppleWatch en 2015… A chaque fois, ces produits portent la pâte de Jonathan Ive, inspiré par le fonctionnalisme du Bauhaus et guidé par un mot d’ordre : « amener de l’ordre à la complexité ».
Il renverse aussi le rapport de force traditionnel entre ingénieurs et designers, en faisant du dessin le point de départ du processus de création. Apple est ainsi rarement le premier à inventer un produit – smartphone et tablette existaient avant l’iPhone et l’iPad – mais il réinvente son design de façon à l’imposer auprès du public et propulser de nouveaux usages.
Capacité à innover
Son départ arrive à un moment délicat pour l’entreprise : la guerre commerciale avec la Chine menace encore un peu plus les ventes d’iPhone et une autre figure de l’entreprise, Angela Ahrendts , qui dirigeait les Apple Store, a quitté le navire au début de l’année. Il soulève surtout des questions sur la direction qu’Apple souhaite prendre et sa capacité à innover, alors que l’iPhone a déjà douze ans.
Si certains craignent qu’Apple perde de sa magie sans « Jony », cette transition officialise en réalité un état de fait : le designer était moins impliqué dans la conception de produits depuis plusieurs années déjà. Depuis 2015, il se concentrait sur l’Apple Park, le nouveau campus de l’entreprise Cupertino, et les Apple Store. Pour Carolina Milanesi, analyste chez Creative Insights, son départ pourrait ainsi être l’occasion « de laisser aux autres membres de l’équipe de design plus de marge de manoeuvre »… et ainsi raviver une ligne de produits parfois jugée décevante.

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