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Dossier de l’été 2019 : environnement, un tournant dans le tourisme ? –

Courant 2018, plusieurs groupes hôteliers annonçaient déjà la fin des pailles en plastique dans leur établissement. Ce n’est pas qu’un détail : mises bout à bout, les pailles économisées chaque année par Hilton dans la zone EMEA dépasseraient la longueur de la Seine. Hurtigruten, qui multiplie les initiatives pour l’environnement, avec notamment le lancement de premier navire à propulsion hybride, s’est aussi mis à la chasse au plastique, tout comme MSC Croisières. Une mesure prise à l’échelle de certains pays aussi. Le 1er juin, la Tanzanie a interdit l’usage des sacs plastiques aux touristes, exposés à des amendes en cas d’infraction, devenant ainsi le 34e pays africain à prendre cette décision. Pour lutter contre l’invasion du plastique qui pollue ses côtes et risque de chasser les touristes, Bali a interdit le 19 juillet l’usage des pailles et des sacs dans cette matière. L’Islande, elle, a dit stop aux bouteilles d’eau en plastique. Nouveaux engagements, nouveaux concepts Certaines destinations sont en effet contraintes de prendre des mesures drastiques pour protéger leur environnement… et leur tourisme. Fin 2018, fermée depuis six mois pour une veste opération de nettoyage, l’île de Boracay, aux Philippines, à ainsi finir par rouvrir, mais en imposant des quotas. En Thaïlande, la baie rendue célèbre par le film La Plage ne rouvrira finalement pas avant 2021, pour laisser aux récifs coralliens le temps de se refaire une santé. En Islande, un canyon rendu célèbre par Justin Bieber a lui aussi été fermé plusieurs mois pour le protéger. Certaines villes instaurent aussi des taxes (ou envisagent de le faire) pour maîtriser l’afflux de touristes et l’impact sur leur environnement et/ou la qualité de vie des habitants : citons notamment Venise, Bruges, Bali ou encore Edimbourg… La liste n’est pas exhaustive. Le concept de destination responsable s’affirme, notamment sur le segment du voyage d’affaires. La France a ainsi lancé un chantier de certification de neuf villes qui répondront à la norme ISO 20121, qui permet à toute entité qui « contribue à la conception et la mise en œuvre d’événements » de définir une stratégie de développement durable et de la déployer. Parallèlement, toujours dans l’Hexagone, les parcs naturels de l’Hexagone développent leur offre de séjour pour se positionner comme des destinations écotouristiques  à part entière. Le Région Auvergne Rhône-Alpes a ainsi repositionné sa stratégie sur un tourisme bienveillant, quand la Tunisie s’apprête à communiquer à partir de la rentrée sur son offre alternative et durable.Du côté des voyagistes, Thomas Cook, a annoncé son entrée au sein de l’association ATR « en qualité de membre actif ». « Le tourisme responsable répond aux nouvelles attentes des voyageurs du XXIe siècle. En tant que pionnier du secteur et acteur majeur de cette industrie, nous pensons que notre engagement aux côtés d’ATR est essentiel, gage d’une politique à long terme et plus globale de responsabilité sociétale », affirmait alors Nicolas Delord, le président de Thomas Cook France. En avril dernier, l’association qui réunit 14 voyagistes labellisés*, militait d’ailleurs pour un renforcement des critères. “A ce jour, nous n’imposons pas la compensation aux entreprises. Mais nous allons effectuer des évaluations pour aller jusqu’à la rendre obligatoire », indiquait en avril Julien Buot, son directeur. Salaün, qui a le projet de compenser toutes ses émissions carbone, a obtenu le label en décembre 2018. Voyageurs du Monde, qui compense déjà tous les voyages de ses clients, veut aussi mettre en place la compensation volontaire. « Face au réchauffement climatique, notre industrie est en danger », déclarait en mars dernier son patron, Jean-François Rial. De son côté, Toundra Voyages détaillait récemment dans L’Echo touristique sa stratégie pour opérer son virage responsable. La compagnie Ponant a quant à elle lancé sa fondation. Du côté des start-up, un incubateur dédié au tourisme durable a vu le jour en mai, quand Booking continue à soutenir les jeunes pousses qui œuvrent dans ce domaine.La prise de conscience liée à l’environnement donne aussi naissance à de nouveaux concepts : le groupe Lux a ainsi lancé la marque Salt, dont le premier établissement a ouvert à Maurice fin 2018. Le cinq étoiles de 59 chambres a été conçu pour répondre à de nombreux critères de développement durable : rencontre avec la population, restauration locavore et zéro déchets… Dans l’hôtellerie se développent également des concepts d’hébergements mobiles, qui revendiquent une approche écoresponsable. Point commun entre Flying Nest et Anthénéa ? Ils pourraient à leur façon contribuer à développer des destinations éphémères et respectueuses de l’environnement. Une nouvelle voie qu’ils entendent en tout cas bien explorer. Le Bourget sous pression Depuis quelques mois, les regards se sont aussi braqués sur l’aérien. Grand-messe de l’aérien, le salon du Bourget, était placé cette année sous le signe de l’urgence écologique, alors que la “honte de prendre l’avion” (flightshame) faisait régulièrement la Une des médias. Quelques semaines plus tard, le gouvernement français décidait d’instaurer une écotaxe très controversée sur les billets d’avion. Cette éco-contribution, qui devrait être mise en place dès 2020, coûterait de 1,50 à 18 euros sur les vols au départ de la France. Certains pays européens ont déjà pris des mesures semblables, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Norvège, ou en Suède. Reste aussi à savoir quels efforts les voyageurs sont prêts à faire. Une récente étude menée par le cabinet Protourisme montre que seuls 27,1% des personnes interrogées déclarent avoir modifié leur comportement pour des questions liées à l’environnement. D’après un sondage* commandé par Comptoir des Voyages, 63% des Français interrogés seraient en revanche prêts à renoncer à visiter un site majeur s’il est trop fréquenté. Et ce même s’ils savent qu’ils ne reviendront probablement jamais. Pour 42% des sondés, voyager en décalé serait la solution la plus adaptée pour lutter contre le surtourisme. 22% d’entre eux vont plus loin et seraient pour une mise en place de quotas de visiteurs, comme aux îles Galapagos par exemple. 15% préconisent de privilégier les destinations hors des sentiers battus. Des envies de voyager « autrement » que les pros ne manquent pas de scruter à la loupe…

By |2019-08-01T15:05:12+00:00August 1st, 2019|Scoop.it|0 Comments

Les GAFA au bord du gouffre de la haine

Les plus grands, tous américains, font le bonheur des investisseurs. Microsoft vaut plus de 1.000 milliards de dollars en Bourse. Apple pourrait bientôt refranchir cette barre hautement symbolique à la faveur de ses dernières performances financières, qui semblent indiquer que la firme à la pomme pourrait réussir son virage vers les services à haute valeur ajoutée. Amazon dépasse les 900 milliards, Google s'en approche, Facebook se dirige vers les 600 milliards. Ces entreprises sont les plus chères au monde, devant la finance, l'industrie, le pétrole.Monopole naturelLes consommateurs raffolent eux aussi des GAFAM, et ceci explique d'ailleurs cela. Des centaines de miIlions d'entre eux sont persuadés qu'ils ne pourraient plus vivre sans les réponses de Google, le nirvana des achats infinis sur Amazon, les like de Facebook. Sur certains marchés, les GAFAM sont en « monopole naturel » : il est plus efficace qu'il y ait un acteur dominant, non seulement pour l'entreprise concernée mais aussi pour l'ensemble de la société.Et c'est ici que l'adoration peut basculer vers la détestation. Car le monopole est irrésistiblement attiré par l'abus. Il pille les données de ses clients, impose des prix lui assurant des marges mirobolantes, met le couvercle sur les salaires quand il devient seul recruteur, organise son activité pour fuir l'impôt en s'appuyant sur une structure tentaculaire. Les débats sont vifs sur ces sujets, en particulier aux Etats-Unis. Les universitaires ont multiplié les travaux explorant ces abus. Les citoyens s'inquiètent de plus en plus. Plus des deux tiers des Américains jugeaient que les géants de la tech avaient un effet favorable sur la marche du pays, ils ne sont plus qu'un sur deux. Les politiques montent au créneau. On le voit bien à travers les propositions qui émergent dans le camp démocrate à l'approche des primaires. Donald Trump est lui aussi très critique. Il méprise les dirigeants de la high tech qui le lui rendent au centuple. Sa relation avec Jeff Bezos, le patron d'Amazon, est notoirement tendue. S'il ne veut pas que les Français taxent les GAFAM, c'est parce qu'il préfère que cet argent tombe dans les caisses du Trésor américain.Tech en majestéD'où viendra le changement ? L'investisseur sera un suiveur. Le consommateur semble pour l'instant captif. L'électeur, lui, va réclamer des actes. Les politiciens se battront pour le séduire. Et les autorités de régulation haussent le ton. Si le soleil d'une tech en majesté brille toujours, il pourrait bien avoir dépassé son apogée.

By |2019-08-01T14:45:55+00:00August 1st, 2019|Scoop.it|0 Comments