« La pauvreté est immorale, elle est dépassée », a déclaré au Washington Post Michael Tubbs, le maire de Stockton (Californie), à l’occasion de la présentation des premières conclusions de l’expérimentation d’un revenu de base dans sa ville. Pendant 18 mois, 125 habitants – choisis parce que leurs revenus sont en deça du seuil de pauvreté – ont bénéficié du « Stockton Economic Empowerment Demonstration », soit une somme de 500 dollars par mois, versée sur une carte de débit dédiée.
Priorité aux biens de première nécessité
Les dépenses effectuées grâce à ce revenu de base ont été scrutées par les deux chercheuses qui supervisent l’expérimentation, Stacia Martin-West, de l’Université du Tennessee, et Amy Castro Baker, de l’université de Pennsylvanie. Bilan de cette première phase d’expérimentation : le revenu est dépensé à 40% pour acheter de la nourriture, à 24% pour d’autres produits du quotidien, à hauteur de 11% pour le règlement de factures et à 9% pour acheter de l’essence. Les autres postes de dépenses, plus négligeables, concernent la réparation de véhicules, les consultations médicales, les frais éducatifs, voire les dons d’ordre caritatif. Autrement dit, à Stockton, le revenu de base sert d’abord à financer l’achat de biens de première nécessité.
Les deux chercheuses constatent aussi que 40% en moyenne des 500 dollars alloués chaque mois sont retirés en liquide : « La ville compte beaucoup de personnes débancarisées (…). Pour se protéger, elles retirent du cash et paient en espèces leurs courses ou leur baby-sitter », déclare Amy Castro Baker au média en ligne Citylab.
Les Américains sceptiques
À noter que pour contrer la critique selon laquelle le revenu de base serait alimenté par l’argent du contribuable, le maire de Stockton a pris soin de financer son projet en grande partie par le secteur privé. C’est l’ONG Economic Security Project, dirigée par un ancien de Facebook, Chris Hughes, qui serait aux manettes. L’association milite pour vanter les bienfaits du revenu de base et aurait fait don à la ville d’un million de dollars pour financer cette expérimentation.
À l’échelle nationale, la méfiance envers le revenu de base est encore plus forte. Selon une étude du cabinet Gallup et de la Northeastern University, seuls 43% des Américains soutiennent l’idée d’un revenu de base (contre 77% au Royaume-Uni et 75% au Canada). « Dans ce pays, nous avons un vrai problème, estime Michael Tubbs, le maire de Stockton, on associe ceux qui luttent économiquement à des vices tels que la consommation de drogues ou d’alcool et le jeu. (…) Je crois que c’est important de montrer que non, les gens n’utilisent pas cet argent pour ça, ils l’utilisent pour se payer des biens de première nécessité ».
Sourced through Scoop.it from: usbeketrica.com
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