Le célèbre prospectiviste a construit sa réflexion autour d’un argument central : le coût des énergies renouvelables connaît une chute vertigineuse et va, selon lui, continuer de plonger. « Pour la première fois en 2019, le coût moyen du solaire à l’échelle industrielle est passé bien en dessous de tous les autres. Bien en dessous du nucléaire, qui est fini. Bien en dessous du charbon et de pétrole. Et il vient de passer en dessous du gaz », nous dit-il. En conséquence, toute l’industrie fossile, à l’infrastructure lourde, à la logistique complexe et qui nécessite des investissements de long terme très coûteux, risque de se transformer en actifs bloqués. C’est-à-dire en « milliers de milliards de dollars » d’investissements obsolètes, invendables et impossibles à rentabiliser.
Le New Deal Vert mondial, de Jeremy Rifkin (Les Liens qui Libèrent, 2019)
Une « bulle carbone » qui pourrait donc exploser dès 2028, assure Jeremy Rifkin. La fulgurance d’un tel effondrement peut surprendre, quand on sait que l’éolien et le solaire ne représentent aujourd’hui que 3 % de l’énergie mondiale, reconnaît lui-même l’auteur, contre 80 % pour les énergies fossiles. Mais, souligne-t-il, l’important n’est pas la part de marché mais la part de croissance qu’accapare chacun de ces secteurs. Et surtout, l’existence d’un point de bascule : lorsque 14 % de l’électricité sera renouvelable, la bulle carbone sera prête à exploser, assure Jeremy Rifkin en citant les travaux de Carbon Tracker Initiative. L’Europe a déjà atteint ces 14 %, les Etats-Unis devraient le faire en 2023, année où la demande en combustibles fossiles atteindrait également son pic.Et à l’échelle mondiale, la bascule devrait s’opérer en 2028. « Cela peut être un peu plus tôt ou plus tard, 2026 ou 2030. Mais ça approche, et ça va être très puissant. Ce n’est pas ma prédiction, c’est basé sur de nombreuses publications, sur les études internes durant les 12 derniers mois produites par des banques, par différents secteurs industriels, la finance, les assurances, par des gouvernements », précise Jeremy Rifkin comme pour justifier l’apparence quelque peu divinatoire et contre-intuitive de telles prédictions. À titre d’exemple, l’auteur rappelle que « la demande d’éclairage au gaz a connu son pic maximal alors que l’électricité ne fournissait que 3 % de l’éclairage ».
Internet de l’énergie et démocratie
Au-delà de ce basculement énergétique, l’auteur reprend très largement dans Le New Deal vert mondial la grille de lecture déjà détaillée dans ses précédents ouvrages sur la 3e révolution industrielle qu’il a théorisée. Chaque révolution industrielle se caractérise pour Jeremy Rifkin par l’émergence d’une nouvelle énergie, de nouveaux moyens de transports et de nouvelles façons de communiquer : un triptyque charbon – chemin de fer – télégraphe pour la première puis pétrole – voiture – téléphone et télévision pour la deuxième. Nous serions ainsi à l’aube de cette troisième révolution industrielle guidée par les énergies renouvelables, les véhicules autonomes et, surtout, Internet.
Sourced through Scoop.it from: usbeketrica.com
Leave A Comment