Quid des Gafa en 2020 ?
L’élection présidentielle de novembre prochain aux Etats-Unis donne des sueurs froides à certains acteurs de la Tech. La démocrate Elizabeth Warren a notamment jugé qu’il était « temps de démanteler Google, Amazon et Facebook ». Elle conteste leur emprise sur la société mais juge aussi que leur poids nuit désormais à l’émergence de nouveaux acteurs innovants.
Sa proposition : séparer la propriété de l’outil technique et son usage quand un groupe dépasse 25 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Donald Trump lui-même assure ne pas être très fan des Gafa, mais il les défend dans leur combat fiscal contre la France et n’a pas légiféré pour limiter leur influence. Joe Biden, en tête des sondages pour l’investiture démocrate, a pour l’instant surtout critiqué – parce qu’il en a été victime – les fausses publicités diffusées sans contrôle par Facebook.
Plus que le démantèlement, c’est une régulation plus serrée que les Gafa peuvent craindre, avec de multiples entrées possibles : la concurrence déloyale (quand Apple ou Amazon privilégient leurs services à partir de leurs produits ou de leur plate-forme), la protection et le partage des données personnelles ou encore la réglementation publicitaire, qui reste le coeur des revenus de Google et Facebook.
Qui aura la meilleure part du gâteau publicitaire ?
Plutôt que des Gafa, il faut surtout parler de Google et de Facebook quand il s’agit de mesurer le poids de ces acteurs dans les recettes publicitaires. Google a passé la barre des 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires au troisième trimestre, dont 83 % dans la publicité numérique, et Facebook 18 milliards de dollars de revenus en un trimestre. Selon l’institut Warc, les deux acteurs ont capté l’an dernier 56 % de la publicité numérique mondiale, un chiffre qui pourrait grimper à 61 % cette année. Rapportée au marché total de la publicité – en ligne et traditionnelle -, leur part était encore de près de 25 % l’an dernier.
Google et Facebook voient désormais entrer sur leur terrain de jeu Amazon.La plate-forme, qui profite de ses places de marché et de sa connaissance fine des consommateurs pour envoyer des messages ciblés, pourrait capter 10 milliards de dollars de recettes publicitaires sur le marché américain cette année, soit près de 8 % du marché, selon une étude de e-marketer.
Les grandes plates-formes risquent donc de continuer à prendre des parts de marché sur les acteurs historiques que sont notamment les éditeurs de presse et la télévision. Et les tentatives de régulation et de partage des revenus se sont pour l’instant heurtées à un mur. Comme avec la « taxe Gafa » sur le chiffre d’affaires des grandes plates-formes, la France, qui a été la première à avoir transposé la directive européenne sur le droit voisin pour la presse, espère faire reconnaître un abus de position dominante de Google et parvenir à un accord.
Les banques vont-elles disparaître au profit des Gafa ?
Apple, qui vient de lancer une carte bancaire avec Goldman Sachs, Google, qui se prépare à proposer un compte courant avec Citigroup l’an prochain… Depuis leur entrée sur le marché des moyens de paiement avec Apple Pay ou Google Pay, les Gafa misent sur le secteur bancaire pour se diversifier. Certains ont même des ambitions plus grandes, comme Facebook qui avait réuni une palette de partenaires bancaires pour lancer une cryptomonnaie, le Libra.
L’offensive de Facebook sur un sujet éminemment souverain a finalement déclenché plus de craintes que d’admiration, au moment où Mark Zuckerberg est la cible de critiques tous azimuts de la part des régulateurs et des parlementaires. Résultat, le projet de Libra est regardé avec circonspection et les partenaires bancaires sont partis un à un.
« Le Libra, c’est pour l’instant surtout une idéemais cela a forcé les régulateurs à se poser à nouveau la question de ce qu’est une banque », jugeait récemment un banquier américain. Début décembre, un rapport des superviseurs du G20 fédérés dans le Conseil de stabilité financière (FSB) a pointé les risques que fait peser la « Big Tech » – avec des acteurs peu nombreux et maîtres du cloud – sur les performances des banques traditionnelles, et donc in fine sur la stabilité du système financier.
La santé, nouvel eldorado des Gafa?
Partenariat avec plusieurs laboratoires pharmaceutiques pour améliorer les essais cliniques, création de nouvelles divisions dédiées à la santé dirigées par des professeurs de médecine réputés, ouverture de cliniques pour leurs salariés… En 2019, les Gafa ont multiplié les annonces dans le domaine de la santé, un marché fragmenté représentant un cinquième du PIB des Etats-Unis qu’ils veulent disrupter.
Sourced through Scoop.it from: www.lesechos.fr
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