L’article de NextINpact explique qu’au ministère de l’Intérieur et chez les industriels, beaucoup « poussent au développement de cet outil », en soulignant notamment que divers enjeux sécuritaires importants vont arriver. À l’image, par exemple, de cette citation très équivoque d’un chercheur du Creogn (Centre de recherche de la gendarmerie nationale) : « La Coupe du monde de rugby en 2023 et les JO de Paris en 2024 représentent des opportunités remarquables de convaincre la population de l’intérêt de déployer la reconnaissance faciale. »
Risques de dérives
Un autre point soulevé par les associations de défense des libertés est lié aux risques de dérives du point de vue de la surveillance, alors que l’efficacité de ces dispositifs reste encore largement discutée. Exemple parmi d’autres, que nous évoquions déjà dans un article sur les données biométriques daté d’octobre 2019 : au Royaume-Uni, une étude réalisée par l’Université d’Essex a montré que le système de reconnaissance faciale londonien (qui a pour ambition de repérer les personnes suspectées de crime dans la foule) présentait un taux d’erreur de 81%. Plus récemment, le National Institute of Standards and Technology (NIST), un groupe d’experts affilié au gouvernement américain, a montré que les algorithmes de reconnaissance faciale identifient par erreur les personnes asiatiques ou noires 100 fois plus souvent en moyenne que les personnes blanches.Pour éviter de telles discriminations, Philippe Latombe insiste sur la nécessité d’ouvrir un grand débat sociétal sur le sujet, qui n’implique pas seulement les experts mais tous les citoyens : « Il faut ouvrir le débat AVANT de mener des phases d’expérimentation comme celles-ci. Si on le fait après, on va courir pour bloquer la technologie. Il vaut mieux définir dès le départ ce à quoi va nous servir une technologie et la construire de façon à ce qu’elle respecte par nature ces obligations. Cédric O part du principe inverse : il pense qu’il faut faire l’expérimentation, voir ce qui se passe techniquement, et seulement ensuite se poser des questions. »
Moins critique à l’égard du projet de Cédric O, le député LREM des Yvelines Didier Baichère, par ailleurs vice-président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, préconise une expérimentation plus longue, « de deux ou trois ans », mais qui s’accompagnerait d’une loi pour l’encadrer. « Une loi d’expérimentation permettrait d’écrire ce que pourrait être concrètement cette expérimentation, en la bornant dans le temps de manière géographique, en définissant le collège de scientifiques impliqué et la façon de mener la consultation citoyenne effective, nous explique-t-il. Pour résumer, il faut s’inspirer des lois de bioéthique. Ce n’est pas seulement un sujet technologique, il s’agit de savoir quelle est la société que nous voulons pour demain (…) Cédric O pense ce qu’il veut, mais à titre personnel je crois qu’on peut difficilement dissocier l’expérimentation de la consultation citoyenne effective. »
Sourced through Scoop.it from: usbeketrica.com
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