Les start-up qui déploient des fermes verticales vont-elles révolutionner l’agriculture ? La question reste amplement débattue, mais leur capacité à attirer les investisseurs n’a jamais été aussi forte. En 2020, les spécialistes du capital-risque ont injecté 520 millions de dollars dans le secteur, contre 85 millions en 2015, selon l’agence Bloomberg.

Et l’année 2021 a démarré sur les chapeaux de roues, avec les tours de table du Français Jungle (42 millions d’euros, dont 7 en equity ), de l’Américain Oishii (50 millions de dollars) et de l’Allemand InFarm (extension de 100 millions de dollars d’une Série C de 170 millions dollars).

Hausse de la population
Plusieurs facteurs expliquent cet appétit grandissant. Le premier tient à la croissance de la population mondiale, qui pourrait atteindre 9,7 milliards d’habitants en 2050 selon les projections de l’ONU. « Il va falloir augmenter la production agricole. Or, nous risquons de manquer de terres arables disponibles », rappelle Marie Ekeland, la fondatrice du fonds 2050 . Les fermes verticales pourraient ainsi être une solution d’appoint pour nourrir ces nouvelles bouches.

Leurs avantages sont multiples : elles garantissent une production 365 jours par an, sont peu gourmandes en eau, réduisent les distances pour alimenter les magasins en produits frais et contribuent à l’autonomie alimentaire des villes. Le marché est prometteur : il était de 2,2 milliards de dollars en 2018 et pourrait atteindre 12,77 milliards d’ici à 2026, selon un récent rapport d’Allied Market Research.

Les start-up du secteur ont besoin d’investissements lourds pour construire des fermes pleines de nouvelles technologies et recruter des ingénieurs capables de suivre au quotidien l’évolution des semences. La taille de l’infrastructure doit être conséquente, faute de quoi il est difficile de réaliser des économies d’échelle.

C’est pour cette raison que Jungle a vu les choses en grand . Outre sa ferme de 5.500 m2 à Château-Thierry (Aisne), la jeune pousse tricolore prévoit d’en construire deux autres d’ici à fin 2022 ou début 2023. « Ils ont une approche industrielle » , explique Valentine Baudouin, partner chez Founders Future , qui a investi dans Jungle. « Leur force est aussi de s’intégrer à la politique d’achat de la grande distribution, puisqu’ils travaillent avec Monoprix et Intermarché. »

Difficile équation économique
En théorie, on peut tout faire pousser dans une ferme verticale. Mais s’il est possible de produire du basilic ou du persil à un prix compétitif, l’équation économique est plus complexe, voire impossible, pour d’autres fruits ou légumes. Les échecs commerciaux de FarmedHere et Plantagon font office d’avertissement.

L’automatisation des tâches et une meilleure maîtrise des ressources (eau, électricité) sont les principaux leviers à activer pour réduire les coûts. Certaines fermes verticales sont par exemple équipées de panneaux solaires et produisent leur propre électricité. Au-delà de l’alimentation, la fourniture de produits aux industries pharmaceutique ou cosmétique pourrait être un relais de croissance à l’avenir. A l’été 2020, le géant allemand Bayer a d’ailleurs investi 30 millions de dollars dans les fermes verticales avec son partenaire singapourien Temasek .

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