Il y a quelques semaines, la Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ont réalisé une première mondiale en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Les superviseurs ont bouclé le premier stress test climatique de l’histoire. Un vrai succès pour ces institutions, qui veulent s’imposer comme figures de proue sur la question environnementale, un sujet qui ne cesse de prendre de l’ampleur à mesure que les conséquences du réchauffement climatique deviennent de plus en plus tangibles.

Pour autant, les résultats ne font pas l’unanimité. « La faiblesse des niveaux d’exposition des portefeuilles de crédit des banques laisse dubitatifs », lâche un acteur du secteur financier engagé sur le climat. Les analystes de l’agence de notation Fitch Rating sont également prudents face à ces résultats étant donné que « les banques ont des trous dans leur rapport d’exposition et ont récolté très peu d’informations granulaires de la part de leurs clients ».

Sans remettre en cause la solidité de ses propres travaux, l’ACPR reconnaît des lacunes côté données. « Les difficultés rencontrées lors de la réalisation [du stress test, NDLR] confirment le besoin d’une meilleure disponibilité des données relatives au risque climatique au niveau européen », souligne l’ACPR dans le rapport final. Mais la mise en lumière de ces zones d’ombre faisait en réalité partie intégrante de l’objectif de cet exercice qualifié de pilote.

Les données sont en effet au coeur de la bataille pour le climat. Sans elles, impossible de fixer des objectifs à même d’éviter que la température du globe n’augmente de plus de 1,5 °C d’ici à la fin du siècle, ni de s’assurer que les promesses faites par les entreprises en matière d’émission seront respectées. L’année 2021 va d’ailleurs être marquée par la publication de plusieurs directives européennes visant à améliorer la transparence en la matière.

Les limites de l’approche sectorielle
Les différents stress tests climatiques – l’Autorité bancaire européenne a réalisé le sien et la BCE en prépare un pour 2022 – vont nourrir ces réflexions autour des données. L’exercice français a notamment permis de montrer les limites d’une approche sectorielle pour prendre en compte l’hétérogénéité de l’exposition au risque de transition des entreprises. « Du fait de leur appartenance à un secteur donné d’activité, des entreprises vont avoir des expositions similaires alors qu’elles ont pourtant recours à des technologies très différentes qui ne vont pas être affectées de la même manière par le changement climatique, explique Laurent Clerc, à la tête de la direction de l’étude et de l’analyse des risques de l’ACPR. Avec une approche sectorielle insuffisamment granulaire, cette diversité du risque échappe au calcul des banques. »

C’est notamment le cas d’EDF, Engie et RWE, ou bien de constructeurs automobiles plus ou moins avancés dans le développement de l’électrique. En outre, cette approche ne permet pas non plus aux banques de prendre en compte l’ensemble de la chaîne de valeur : « Il est important de prendre en compte l’intégralité de la chaîne de valeur. Ainsi, financer une entreprise fabriquant des pylônes en acier peut être perçu comme contribuant une activité fortement émettrice en gaz à effet de serre, même s’ils servent à produire des mâts d’éoliennes, avec in fine une contribution positive à la transition énergétique», ajoute celui qui a conduit et piloté l’exercice de stress-tests.

Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr