Au cœur des nouveaux clivages gauche/droite, la lutte contre le réchauffement climatique structure désormais antagonismes sociaux, économiques et géopolitiques, sans pour autant qu’émerge une force écologique majoritaire au sein de la gauche française, déplore Mahaut Chaudouët, conseillère politique et féministe.
Mahaut Chaudouët
– 14 juin 2021En entrant définitivement dans le champ politique, la question écologique paraît bien partie pour structurer les antagonismes politiques à long terme. Cependant, émerge un paradoxe inédit de cette nouvelle organisation du débat des idées, à l’échelle nationale, européenne ou internationale : alors que les opposants au tournant écologique radical affûtent leur argumentaire, les tenants de l’écologie politique sont incapables d’en faire un instrument véritable de conquête du pouvoir.
Revenons au 29 avril dernier. Dans un tweet, Valérie Pécresse, Présidente LR de la région Ile-de-France et candidate au renouveau de son mandat, proclame : « Je refuse que la région tombe aux mains d’une alliance gauche/extrême-gauche, avec des sympathies indigénistes, islamo-gauchistes, décroissantes ». En dénonçant ce triptyque comme un ennemi commun de son camp politique, Valérie Pécresse confirme l’existence de deux phénomène politiques nouveaux.
Comme l’éducation, la santé ou la sécurité, l’écologie est devenue un volet programmatique à part entière
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D’abord, elle entérine l’inscription définitive de la question écologique en politique. Comme l’éducation, la santé ou la sécurité, l’écologie est devenue un volet programmatique à part entière. C’est ainsi que Valérie Pécresse elle-même se dissocie de l’écologie de gauche, supposée « décroissantiste », et se place à l’inverse comme championne de « l’écologie non-punitive ».Ensuite, elle insère la proposition écologique de son adversaire dans un univers sémantique au positionnement idéologique très identifié (« indigénisme », « islamo-gauchisme »), comme si l’écologie « de gauche » formait un pack avec le reste. Sans que son adversaire y parvienne lui-même, Valérie Pécresse met ainsi l’ensemble de la gauche dans un même panier, et ce, à partir d’une intuition plutôt bonne : elle sous-entend l’existence d’un bloc de gauche qui intègrerait à la fois les défenseurs d’une rupture avec un modèle de domination de certains hommes sur les autres, et les défenseurs d’une rupture avec un modèle de domination des hommes sur la nature. Et de discréditer le tout en définissant ce bloc à partir de ses supposées manifestations les plus polémiques. Ainsi, l’enjeu écologique réactive ici les clivages politiques droite-gauche.
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