Facebook traverse une passe particulièrement délicate. Le réseau social fondé par Mark Zuckerberg a perdu un demi-million d’utilisateurs au dernier trimestre 2021. C’est une première. Depuis sa création en 2004, la plateforme n’avait cessé de voir sa base croître. Ce retournement historique a semé la panique chez les investisseurs jeudi.
Les marchés ont immédiatement sanctionné le titre, qui dévissait de 24 % à l’ouverture de la Bourse de New York, faisant s’envoler plus de 200 milliards de dollars de capitalisation. Après avoir décollé pendant la pandémie, les actions Facebook (dont l’abréviation « FB » change pour « META », après que le groupe s’est renommé « Meta ») avaient déjà perdu du terrain depuis le début de l’année. Avec cette dernière chute, toute la progression de 2021 est effacée.
La punition peut sembler exagérée. A l’échelle des presque 2 milliards d’utilisateurs du réseau social, la décrue est négligeable (à peine 0,05 %). Sur l’année, Facebook a même continué de recruter : 84 millions de personnes en plus à travers le monde. Et si l’on ajoute les autres applis à succès du groupe (Instagram et WhatsApp), le groupe revendique désormais 2,8 milliards d’utilisateurs quotidiens – un chiffre qui a, lui, continué d’augmenter.
Mais les investisseurs sont extrêmement sensibles sur le sujet. Ils l’avaient montré il y a un an et demi, lorsque le nombre d’utilisateurs aux seuls Etats-Unis avait fléchi. Conscients que les Américains (environ 10 % des usagers de Facebook) génèrent la moitié de ses recettes publicitaires, les marchés avaient déjà paniqué, brûlant 37 milliards de dollars de capitalisation en quelques heures.
Cette fois-ci, le fait que la décrue soit mondiale a ajouté à l’affolement. De même que les perspectives moroses du groupe pour 2022 . Meta prévoit une croissance inférieure à 11 % au premier trimestre 2022… très loin des 37 % affichés sur l’exercice 2021.
Cette mauvaise performance de Facebook a entraîné dans son sillage des valeurs similaires – celles de Snap, maison mère de Snapchat, de Pinterest et de Twitter, qui perdaient respectivement 21 %, 10 % et 7 % de leur valeur dans la nuit de mercredi à ce jeudi.
Pour expliquer ses difficultés, le groupe fondé par Mark Zuckerberg met en avant les nouvelles règles d’Apple , mises en place au printemps dernier et qui permettent aux utilisateurs d’iPhone de refuser d’être traqués d’une application à l’autre. Ces restrictions devraient lui coûter 10 milliards de dollars en 2022, ont estimé ses dirigeants dans une conférence avec des analystes.
Pendant cette conférence, Mark Zuckerberg a aussi insisté sur la concurrence avec d’autres réseaux sociaux, dont TikTok et Snapchat, qui pèse sur les résultats. Le groupe fait face à une « concurrence croissante pour le temps des gens », écrit-il dans un communiqué. Meta adresse ainsi un message aux régulateurs et aux autorités de la concurrence , qui menacent de le scinder en plusieurs entités.
Transition délicate
Les moindres performances du groupe s’expliquent aussi par sa décision stratégique de favoriser un nouveau format de vidéos, plus courtes, baptisées « Reels ». Cette nouvelle fonctionnalité vise à concurrencer TikTok , beaucoup plus populaire que Facebook parmi les jeunes Américains.
Pour l’instant, le groupe ne parvient pas à monétiser le temps passé par ses utilisateurs à regarder ces vidéos de la même façon que le temps qu’ils passent à regarder défiler leur fil d’actualité ou à regarder des vidéos plus longues. Sheryl Sandberg, directrice des opérations de Meta, s’est néanmoins dite « confiante sur [ses] capacités à monétiser » ce nouveau format à l’avenir.
Réalité virtuelle et augmentée
Tout n’est pas noir pour autant pour Facebook, ou plutôt Meta. Son chiffre d’affaires annuel a bondi de plus d’un tiers, pour s’établir à 117,9 milliards de dollars en 2021. Et son bénéfice net a augmenté lui aussi, de 35 %. Il a atteint 39,3 milliards en un an.Pour la première fois, le groupe a détaillé combien lui rapportent ses investissements dans la réalité virtuelle et augmentée. Les ventes de son casque Meta Quest (anciennement Oculus Quest ) se sont établies à 2,3 milliards de dollars pendant l’année 2021. On est très loin des revenus de la publicité (115 milliards de dollars en 2021), qui représentent 97 % des recettes de Meta.
Et malgré le succès de ce casque, qui domine de loin le secteur de la réalité virtuelle, sa filiale Reality Labs continue à perdre de l’argent. En 2021, ces pertes se sont creusées, à plus de 10 milliards de dollars. Mark Zuckerberg a reconnu lui-même que la route vers le métavers serait longue. « Même si notre direction est claire, le chemin pour y arriver n’est peut-être pas si évident », a-t-il déclaré à des analystes.
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