Sur les hauteurs jurassiennes, neige et skieurs sont bien au rendez-vous de ces vacances d’hiver. Mais à Métabief, la station vient d’accueillir sa cheffe de projet dont la mission sera d’organiser la fin… du ski alpin. Un virage à 180 degrés, voté à l’unanimité par le Syndicat mixte du Mont-d’Or (SMMO) en septembre 2020, qui entre dans sa phase opérationnelle. Une première en France.

Située entre 900 et 1.400 mètres d’altitude, la station du Doubs, dans le massif jurassien, connaît de plus en plus d’hivers sans neige, remettant en cause les investissements nécessaires à l’activité. Depuis 2010, département et communes réunis au sein du SMMO ont injecté 20 millions d’euros dans les équipements, dont 8 millions pour la neige de culture.

Faire le deuil
« C’est beaucoup, pour une station qui pèse 4 millions d’euros de chiffre d’affaires », admet Olivier Erard, son directeur, glaciologue de formation. Avec ses 40 kilomètres de pistes, Métabief vend 220.000 journées de ski en moyenne chaque année (90 % du chiffre d’affaires de la station) et emploie 50 équivalents temps plein.

Alors en 2016, lorsque la nécessité d’investir de nouveau 15 millions d’euros dans le renouvellement de télésièges était apparue, avec une perspective d’amortissement sur vingt ans, élus et techniciens ont choisi d’étudier sérieusement la question . Une analyse climatique interne avait montré « l’obsolescence programmée » du ski alpin, confirmée plus tard par une étude de Météo-France. La station s’est peu à peu résignée à faire le deuil de cette activité ludique et lucrative. Et pour aborder ce virage technique, le SMMO a négocié la réversion, par les communes et le département, de 60 % de la taxe remontées mécaniques.

11 millions d’euros pour la transition
La fin du ski alpin a été évaluée à 2030 ou 2035. La station ne fera plus d’investissements lourds, mais prolongera la vie des équipements, grâce à la méthode innovante de maintenance prédictive Safe, mise au point avec la société Sarrasola, basée en Isère : à l’aide de capteurs, celle-ci détecte les points faibles des installations (des pylones, par exemple), ce qui permet d’anticiper les réparations pour prolonger leur utilisation.

La facture est ainsi passée de 15 millions d’euros d’investissement dans les remontées mécaniques envisagés en 2016 à 5,5 millions d’euros. Le budget total de cette transition, lui, se monte à 11 millions d’euros, dont 7 du département, 820.000 euros du plan avenir montagne de l’Etat , et 950.000 euros de la région Bourgogne-Franche-Comté.

La toute nouvelle cheffe de projet a pour mission de faire émerger un nouveau modèle afin de ne pas perdre les 40 % de l’économie touristique du Haut-Doubs que représentait la glisse sur les pentes du mont d’Or. La marque « O » a été créée pour fédérer les initiatives, trail, trek, luge quatre saisons, VTT et autres sports outdoor en tête.

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