« Quand le Nasdaq perd 2, le bitcoin perd 10. Quand le Nasdaq gagne 2, le bitcoin gagne 10, résume Nicolas Chéron, analyste chez Zonebourse. Au 10 mars, cette corrélation se vérifie parfaitement. Sur les 7 derniers jours précédant cette date, l’indice américain accuse un repli de plus de 2 %, tandis que la reine des cryptoactifs chute de 10 %. A l’origine de ce jeu de vases communicants se trouve l’implication forte des institutionnels sur le marché des cryptomonnaies.

« 43 % des transactions sont effectuées aux heures d’ouverture de la Bourse américaine », rapporte Manuel Valente, directeur scientifique chez le courtier spécialisé Coinhouse. « Dans les grilles d’analyse des investisseurs institutionnels, les cryptos entrent dans la catégorie des actifs risqués comme les actions et les indices. Quand ils décident de « dérisquer » leur portefeuille, ils vendent ces positions simultanément », ajoute Romain Saguy, directeur marketing et commercial de Coinhouse.

Les particuliers, aussi, s’y intéressent de façon croissante. D’après une étude dévoilée en février par KPMG et l’Adan , association qui fédère les acteurs des cryptos dans l’Hexagone, 8 % des Français ont déjà acheté des cryptomonnaies. Cela peut paraître peu, mais cette proportion est semblable à la part des boursicoteurs en France. En outre, 37 % des sondés rapportent avoir ou envisager d’investir en cryptoactifs (1).

Du conseil en cryptos
La réglementation accompagne aussi ce mouvement, avec la création en 2019 du statut de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN). Il s’agit d’un enregistrement auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) nécessaire pour offrir en France des services d’achat-vente et de conservation de cryptos.

Dans ce contexte, les intermédiaires patrimoniaux généralistes n’ont d’autres choix que de s’acclimater à ce nouvel univers d’investissement. « A partir du moment où les cryptos ne sont pas illégales, nous pouvons difficilement imaginer que les conseillers en gestion de patrimoine ignorent totalement ce type d’actifs », explique David Charlet, président de l’association nationale des conseils financiers (Anacofi).

« Les cryptoactifs de type financier [les jetons comparables à des actions lors des levées de fonds en cryptos appelées ICO, NDLR] sont assimilés à des instruments financiers donc entrent pleinement dans la compétence des conseillers en investissement financier. Pour les cryptomonnaies, comme le bitcoin ou l’ether, seuls les PSAN ont le droit de les intermédier. Mais ces prestataires n’ont pas le droit de donner de conseils, chasse gardée des CGP », détaille David Charlet.

Discussions entre PSAN et CGP
Autre manifestation de la normalisation, outre la délivrance de rapport officiel et autres contenus juridique pour aider à la formation de ses adhérents, l’Anacofi travaille avec l’Adan sur des contrats type pour encadrer la relation commerciale entre un CGP et un PSAN. D’ailleurs, Romain Saguy de Coinhouse explique avoir commencé « à nouer des contrats de distribution avec des cabinets de gestion privée, de family offices ou encore des sociétés de gestion de patrimoine », explique-t-il « aux Echos ».

Enregistré à l’AMF, Coinhouse a été le premier en France à marketer des placements investis dans cet écosystème. En octobre dernier, il a notamment lancé son « livret crypto » , accessible à partir de 20.000 dollars. Non réglementé, ce placement permet de prêter ses cryptomonnaies moyennant un taux d’intérêt. Just Mining propose ce type d’investissement. Ce PSAN est partenaire d’Artur, société en ligne de conseil en investissement financier, qui revendique à date 1.000 clients-investisseurs.

« Le fait que ce soit moins le far-west est positif. Le bitcoin est mis dans un portefeuille financier en tant qu’actif risqué, comme les investisseurs mettaient une petite partie de leur portefeuille boursier dans les biotechs il y a quelques années », abonde Vincent Boy, analyste marché chez IG France. aujourd’hui on met de la crypto. Le mauvais côté, c’est que l’on voit la crypto uniquement comme un actif spéculatif, et on oublie la révolution technologique que cet écosystème porte », complète-t-il.

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