Meta met le turbo. Six mois après avoir dévoilé ses premières lunettes connectées , conçues avec le spécialiste franco-italien EssilorLuxottica, le géant des réseaux sociaux va les commercialiser dans quatre nouveaux pays – dont la France à partir du 14 avril. Vendues à partir de 329 euros, les « Ray-Ban Stories » pourront ainsi viser un marché de 660 millions de consommateurs sur trois continents.

Si le propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp pousse ses lunettes, c’est qu’elles ont rencontré plus qu’un succès d’estime dans les pays anglo-saxons jusqu’à présent. « Nous estimons que 800.000 paires de Ray-Ban Stories ont été écoulées mondialement en 2021 et c’est un très bon démarrage comparé aux autres lunettes similaires de Bose, Huawei, Amazon et autres », explique Jitesh Ubrani, analyste du cabinet IDC. Cela représenterait donc sur six mois un chiffre d’affaires de 240 millions de dollars, partagé entre le lunettier européen et son partenaire américain.

Rapporté aux 118 milliards de dollars que Meta a encaissés l’an dernier – quasi exclusivement grâce à la publicité sur ses différents réseaux sociaux – cela ne pèse pas lourd. Mais c’est loin d’être anecdotique si l’on remarque que le groupe n’a vendu sur la même période que pour 2,2 milliards de dollars de ses autres gadgets connectés (casques Oculus, tablettes Portal…).

Modestie technologique
Si les « Ray-Ban Stories » ont trouvé autant d’adeptes, c’est sans doute qu’elles n’ont ni l’ambition ni le look futuriste de leurs lointaines ancêtres – les Google Glass. Meta a misé sur un design éprouvé – les célèbres Wayfarer de Ray-Ban – et a joué la modestie sur la partie technologique. Les lunettes sont certes capables de prendre des photos et des vidéos, de passer des appels ou de diffuser de la musique. Mais elles ne disposent pas d’un afficheur et ne sont donc pas un véritable dispositif de réalité augmentée.

Pour Meta, qui a accumulé ces dernières années les scandales liés à l’exploitation des données personnelles de ses utilisateurs, il était plus qu’important de se prémunir contre tout revers de communication. Le groupe insiste donc sur les précautions qui ont été prises durant le développement des lunettes : un bouton est intégré pour désactiver tous les dispositifs d’enregistrement, une lumière s’affiche dès que l’on filme ou prend une photo pour ne pas prendre les personnes autour au dépourvu…

Le risque existe pourtant qu’un détournement du dispositif se retourne contre ses concepteurs. Mais Meta a jugé qu’il valait la peine d’être pris. D’une part parce que les utilisateurs de ses lunettes partagent d’autant plus de photos et de vidéos sur ses réseaux – ce qui est la clef pour assurer la croissance future du groupe et le principal facteur d’inquiétudes de ses investisseurs au vu des récentes contre-performances de Facebook. D’autre part parce que, lentement mais sûrement, le groupe de Mark Zuckerberg habitue le grand public à mélanger la vie réelle et la vie numérique – autrement dit de mettre un pied dans le métavers, ce monde hybride auquel rêve ouvertement le PDG de Meta.

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