Taxirail : “Les collectivités doivent proposer une alternative à la voiture” –
Taxirail est un concept disruptif de train léger autonome qui assure un service attractif à coût maîtrisé pour les collectivités sur les lignes de dessertes fines du territoire. En France, il y a 200 petites lignes de TER dont l’exploitation n’est pas rentable. Du coup … on les ferme progressivement. Ce que nous proposons est un système qui va permettre d’obtenir un équilibre financier de lignes des moins de 80km. En moyenne, nos lignes font 30km, nous sommes donc sur de la courte distance. Quels sont les avantages de ce type de moyen de transport, pour les voyageurs et les territoires ? Il y en a plusieurs. Nous avons développé une solution technologique neutre en carbone car hybride électrique/hydrogène et flexible pouvant s’adapter en fonction de la fréquentation de la ligne. En heure pleine nous allons pouvoir faire fonctionner les trains avec plusieurs wagons qui vont se suivre sous forme de « convoi » et en heure creuse, un transport à la demande est possible. Nous souhaitons également développer autour de cette solution un écosystème de mobilité pour les collectivités. Une version pour le fret est également en cours de développement. Pour les territoires, l’objectif est d’offrir une solution de mobilité à ceux qui n’y ont pas accès. Il y a un réel enjeu de réaménagement des territoires pour les personnes qui y vivent, comme pour les entreprises. Les collectivités doivent être en mesure de proposer une alternative à la voiture. Cela permet de réduire la pollution, économiser des coûts en carburant, réduire l’accidentologie sur les routes et de proposer un service de mobilité inclusif. La mobilité doit être pour tous. Pour les jeunes, les actifs qui souhaitent aller travailler et les personnes à mobilité réduite ou âgées pour gagner en autonomie et leur permettre de se déplacer facilement. Sur le plan touristique, l’impact sur la fréquentation d’une destination peut être important. Il faut avoir en tête que de nombreuses personnes n’ont pas le permis, surtout ceux originaires d’Ile-de-France. Taxirail est une bonne solution pour favoriser le tourisme décarboné et les mobilités douces. Tout cela dans le but de renforcer l’attractivité des territoires. Comment fonctionne la technologie utilisée à bord de ces wagons autonomes ? Pour nos wagons, nous sommes sur un niveau d’autonomie appelé GoA4, le niveau le plus élevé pour le ferroviaire. Le système d’intelligence artificielle à bord est embarqué directement dans le véhicule, il n’y a donc pas besoin d’installer de nouveaux équipements le long des voies. Chaque wagon est équipé d’un détecteur d’obstacle qui, si ce dernier détecte une présence ou un incident, va contacter le centre de contrôle où une personne physique va pouvoir évaluer la situation et prendre une décision grâce aux caméras motorisées installées à l’intérieur et à l’extérieur des wagons. Le fait que nous soyons sur un modèle hybride électrique et hydrogène permet une nette réduction des coûts et une autonomie d’environ 600 km. La vitesse maximale, elle, se situe entre 90 et 100 km/h pour une vitesse de croisière de 50-60 km/h. Comment est né le concept de Taxirail ? Le concept date de 2017, puis nous avons été labellisés en 2020. Deux études de faisabilité sont en cours, dont une en Normandie sur la ligne Bréauté-Port Jérôme et l’autre entre Digne-les-Bains et Château-Arnoux dans la région PACA. Pour cette ligne, l’étude a été commandée par SNCF Réseau et il s’agirait du premier cas de réouverture, cette dernière étant fermée depuis 1991. La première expérimentation avec un démonstrateur sur les rails aura lieu en 2022 pour la Normandie et la mise en service de Taxirail devrait être déployée d’ici 2025. Ce qu’il est important de retenir est que nous ne sommes pas sur un service de transport « capacitaire ». Ce projet a pour vocation à transporter entre 200 et 300 voyageurs par jour « seulement », avec une capacité maximale de 5 000 personnes.